jeudi 31 janvier 2008

Hamtaro Story - Part 2



(pour ceux et celles qui ne connaîtraient pas le début de l'histoire, voici le
préambule à cette triste affaire et le premier chapitre de l'histoire)




Un drame, hier : un des bébés est mort hier, coïncé entre la roue d'exercice et le barreau de la cage. F1 a fait la macabre découverte à l'heure du lunch. La pauvre en a été assez boulversée. Oserai-je vous dire que j'ai pensé : "Yesss! un de moins!" (meu non, je ne suis pas si méchante)

Le 16 février, Exit la marmaille sauf un qu'on gardera pour F2. Je manque de mots pour vous dire à quel point j'ai hâte. Parce que s'il y a encore une semaine, je m'extasiais encore devant tous ces mignons poupons, laissez-moi vous dire que nos monstres ont consiérablement grossi en une semaine! 7 (aujourdhui 6 - héhé!) pisseurs/déféqueurs dans une même cage, ça donne une odeur épouvantable en moins de 24 heures. Et pour nettoyer tout ça, il faut les sortir un par un. Qui fait ce boulot, d'après vous?


Quand je pense que j'ai encore deux semaines à vivre ça... ça donne envie d'inaugurer un nouveau libellé "Journal de survie d'une Madame Pipi".

mercredi 30 janvier 2008

Le bonheur, un lundi après-midi



Rémi, avec un grand sourire d'enfant moqueur qui lui traverse le visage de part en part, des yeux pétillants de jeune loup : Madame, vous allez nous raconter des anecdotes de comment ça se passe, avec vos élèves de DEC?

Tous les autres : Oh ouiiiiiiiiiii!!!!! des anecdotes!!!! C'est comment??????


Moi, avec des yeux tout ronds, surprise mais juste à moité, prête à éclater de rire (comme Rémi et tous les autres d'ailleurs) : Ben quoi? Vous ne voulez tout de même pas que je les bitche???

Eux, meute de jeunes loups qui s'ennuient, baveux, rieurs, pleins d'ironie, dégoulinants de sarcasme, heureux et méchants comme je les aime : Oh ouiiiiiiiiii!

Moi, bras ballants, me laissant tomber sur ma chaise en levant les yeux au ciel mais c'est juste du théâtre : Bon...

Eux, lionceaux qui attendent que moi, la mère lionne, je leur jette une gazelle encore vivante à se mettre sous la dent : ...

Moi, me laissant tomber le front sur le bureau, mais c'est pour le théâtre : Ben, hier, j'ai eu un groupe d'éthique sociale. C'est leur troisième cours de philo et ils ne savaient pas ce qu'est un problème philosophique.

Ils se sont jetés sur le morceau que je venais de leur lancer. Ça leur a suffit. La délectation, le pur bonheur se lisait dans les yeux qui scintillaient de mille feux. C'était leur gazelle du jour.

Wow, je m'en suis tirée facilement ce jour là!




Surtout, n'allez pas penser que mes lionceaux sont snobs, hautains, vaniteux. N'allez pas croire que j'enseigne à une meute de hyènes. Pas du tout. Ils sont juste espiègles et pleins de vie. Ils s'ennuient un peu en ce moment et cherchent des façons de s'amuser. Et puis des gentils, ils y en a tellemmmmment de par le monde, et ils sont souvent si rasoirs! :)

LOST 4

Lost 4 commence demain !!!!!!!

Vous n'allez pas rater ça, hein?

Qui est dans le cercueil? Allez, vos impressions.

Je dis : Sawyer!

Des nouvelles du front

Non, je ne suis pas morte, mais si jamais je vous laissais sans nouvelles plus de vingt jours, ce serait mauvais signe, vous pourrez alors avoir une petite pensée pour moi.

Je regrette déjà ma lâcheté. Pas quand je suis dans la salle de classe, mais dès que j'en sors et que je dois m'atteler aux corrections et à la préparation des cours. Ça ne dira peut-être pas grand chose à ceux qui n'enseignent pas au collégial, mais le lundi, je donne 7 heures de cours, que du contenu différent. Ça se termine par un bloc de trois heures de 3à 6, avec un cours que je n'ai jamais donné et des élèves considérablement plus faibles que ceux que j'ai l'habitude d'avoir (donc, autres stratégies). J'arrive chez moi crevée, je vourais dormir deux jours pour m'en remettre, mais il me faut préparer les trois heures de cours du lendemain (8 à 11h), encore du contenu différent, encore un cours que je n'ai jamais donné, encore un cours où certains sont faibles (pas mal de futur flics) et un élève qui me semble déficient. Le début de semaine me tue, mais il faut survivre pour la suite.

Ça ne fait qu'une semaine et demi que c'est commencé, et je rêve déjà de la fin de la session. Dire que j'aurais pu me la couler douce et agréable avec mon 50% de tâche en me contentant de mes cours au PSQ. Dire que j'aurais pu aller étudier les moeurs des singes bonobos en Afrique, grâce aux bons conseils de Ce bref Réveil! Je suis bien punie d'avoir cédé aux flatteries comme le corbeau de la fable. Mais on ne m'aura pas deux fois. J'ai averti tout le monde : si jamais je refais une telle bêtise, qu'on me passe la camisole de force et qu'on m'enferme.



Bon, assez chiâlé, passons à des nouvelles plus agréables à lire.


Avec un de mes groupes du PSQ, je dois faire une lecture critique de Malaise dans la civilisation et de l'Abrégé de psychanalyse. Il me faura aborder l'interprétation que Freud fait du complexe d'Oedipe chez la fille. En gros, elle est envieuse parce qu'elle n'a pas été dotée d'un pénis, en veut à sa mère, se détourne d'elle et reporte son amour vers son père - elle sortira de cette crise par le déni ("J'ai un pénis fictif, je suis lesbienne", lui fait dire Freud qui confond allègrement lesbianisme et transgenre ou alors "J'ai un pénis, celui de l'amant qui m'offre le sien") et en développant, réactivement et dans l'amertume, sa féminité ("Je ne peux avoir de pénis, mais ça ne me dérange pas, je n'en veux pas, na! lui fait dire Freud).

Bien sûr, il me faura faire voir que Freud érige ici quelques observations faites à l'emporte pièce et surtout librement réinterprétées dans une perspective toute phallocentrique en interprétation scientifique du développement psychique des femmes.


Mais j'ai comme un malaise depuis l'autre jour.

Il s'agit d'F2. Vous vous souvenez qu'elle prétendait avoir deux pénis?

L'autre jour :

F2 : Maintenant, je suis un garçon. Tu peux m'appeler François, mais plus Léonie, je ne suis plus une fille.

Moi : Ah? on joue?

F2: Non, c'est pas un jeu, c'est comme ça, maintenant.

Moi: Pourquoi?

F2 : Parce que tu te souviens, tout à l'heure, dans le livre de comptines?... Le petit garçon, il était vraiment trop beau! Je le trouve siiiii beau, siiiiii beau! Je veux être aussi beau que ça, moi. Les garçon, c'est plus beau, je veux être un garçon!

Moi, surprise mais à peine par tant de coquetterie : Mais si tu deviens un gaçon, tu ne pourras plus porter de chandails ROSES, des pyjamas ROSES, des pantalons ROSES, des...

F2 (qui pour une fois semble émerger de ses stéréotypes) : Tu sais, le rose, ce n'est pas seulement pour les filles! On peut en porter même si on est un garçon!!!

Moi : C'est bien vrai, ça!




Le lendemain.


F2 : Maman, montre-moi comment on dessine un bonhomme sourire!

Moi : Voilà!

F2 : À mon tour! J'en dessine un en jaune!

Moi : Bravo, il est magnifique!

F2 continue à dessiner, "orne" son bonhomme sourire de petit traits tout autour du cercle.

F2, fièrement : Regarde!

Moi : Quel beau soleil!

F2 (espiègle) : C'est pas un soleil, c'est un bonhomme sourire avec PLEIIIIIIIN de pénis!

Et la voilà qui se met à dessiner allègrement des traits partout sur la feuille.

F2 (lutine) : Il ya des pénis partout! C'est le pays des pénis! Dis maman, on peut y aller, au pays des pénis? On pourrait me trouver un pénis, et tu me le donnerais!




Freud Freud, Freud... J'ai comme un malaise...

Mais bon, heureusement que je suis encore capable de me souvenir que quelques observations à l'emporte pièce, ça ne suffit pas à valider la scientificité d'un énoncé ;)

lundi 14 janvier 2008

Je suis lââââââche!

Il suffisait de me flatter dans le sens du poil pour que j'accepte.


Je ne vous avais pas menti, je n'avais envoyé mon CV nulle part. Ce matin, alors que je donnais mon premier cours de la session, le coordonnateur du département de philo du CEGEP local est venu frapper à ma porte de classe. Calmez-vous, il n'a quand même pas traversé la mer océane pour se rendre jusqu'au PSQ et venir m'y chercher. Disons que le PSQ s'est beaucoup rapproché de lui : l'édifice ayant été vendu, nous donnons notre dernière session de cours dans des locaux que nous louons au CEGEP. Mais quand même, j'ai été vraiment surprise. On m'a offert une tâche en des termes qui m'ont causé une telle enflure de l'ego que je n'ai pas dit non. Enfin, si : j'ai refusé un temps plein, parce que cela aurait impliqué que je laisser tomber mes élèves du PSQ à quelques mois de l'examen du baccalauréat international. Mega session tout de même, puisque je cumule deux cours de 4 heures (donc 8 heures de cours) au PSQ, et 9 heures de classe au CEGEP pour 3 groupes (3x3) auxquels je donnerai 2 cours différents qui ne seront pas les mêmes que ceux données au PSQ. Le lundi sera un peu démentiel : 7 heures de classe pour trois groupes mais aussi en donnant 3 cours différents. L e dernier aura lieu de 15h à 18h.


J'ai déjà enseigné au CEGEP durant 4 ans avant d'aboutir au PSQ où je suis depuis 12 ans. J'ai revu aujourd'hui pas mal d'anciens collègues et c'était tellement sympa que j'ai eu l'impression qu'on s'était laissés hier. L'ambiance de travail m'a paru vraiment stimulante et si j'ai hésité un peu au début, l'accueil était si formidable que mes résistances ont fondu (surchauffe vaniteuse de l'ego).


Ma mère me propose de m'aider encore plus avec les filles et j'accepterai.


Mon projet, dont je ne vous ai pas encore tellement parlé mais cela viendra, n'est pas relégué aux oubliettes. Il est simplement mis sur la glace pour au moins une session. Et de toutes façons, avec mes cours au PSQ, je n'aurais pas pu m'y consacrer avant l'été.


En me levant ce matin, je n'aurais jamais imaginé que la journée se terminerait ainsi.


Pour une fille qui semblait en avoir tellement son voyage, j'ai l'air de changer vite d'idée, hein? Mais l'enseignement au CEGEP est bien différent : des élèves globalement moins forts c'est vrai, mais je ne passerai avec chacun d'entre eux que 45 heures de cours, et non pas 225 à 315 heures comme c'était le cas au PSQ où j'avais les mêmes groupes pour 3 cours de 60 heures et 1 à 3 cours (selon les années) de 45 heures. Quand on en est à 315ème heure de classe avec les mêmes élèves, ce n'est pas la même chose que d'en être à la 45ème, … Ça n'implique pas le même type de performance. Enfin, on verra bien quelle tournure cela prendra, mais je crois que cela vaut la peine d'essayer pour voir. Mon principal souci reste le temps que je peux passer avec les enfants.


Ah! Je ne vous avais pas dit : on ne m'a pas encore annoncé officiellement que j'étais embauchée. J'ai passé une entrevue aujourd'hui, c'est tout. Mais parions… ;)


(N'empêche, j'aurais l'air fou demain si je vous annonçais que je n'ai pas été embauchée -ah!ah!ah!)

dimanche 13 janvier 2008

Méditations encriennes

(le titre est un peu prétentieux mais je n'ai pas trouvé mieux)























Je ne peux me résoudre à faire la vaisselle ;)

samedi 12 janvier 2008

J’ai rêvé que j’enterrais Jésus!

J'étais avec des enfants dans un caveau taillé dans le roc. Là un gros cercueil de pierre. Le corps y est déposé et on referme une grosse dalle de pierre par-dessus.


Pas un rêve triste, etc. Je suis émotionnellement neutre face à ce corps, ça n'a rien d'un rêve triste. Les enfants s'amusent à ouvrir le recueil un certain nombre de fois, c'est-à-dire à pousser un peu la dalle de pierre, question de voir les pieds du morts. Et puis ils ressortent pour aller jouer au plein soleil. J'en suis soulagée parce que je me dis qu'à ouvrir et fermer le cercueil tant de fois, les bactéries entreront, que cela activera la décomposition et que tout se mettra à puer. Les enfants n'aimeront pas cela, c'est sûr.


Morale de l'histoire ? Il y en a aucune. Tout cela n'est que la reprise onirique d'une conversion avec le Grand blond, hier en fin de soirée, dans laquelle je me disais que si Dieu existait, il faudrait se débarrasser de cet être qui permet la souffrance des innocents (j'avais utilisé l'exemple des enfants). Mon commentaire a été rédigé à un moment où j'étais émotionnellement perturbée : désaccord qui a tourné à l'aigre avec Encrier. Mère-pas-cool refuse que sa fille de 11 ans parte tout un weekend au chalet d'une amie dont nous ne connaissons pas les parents (on n'a parlé à peine 10 minutes avec la mère l'autre jour), nouveaux arrivants dans la région…


Finalement, il y a peut-être une morale de l'histoire : n'entreprenez pas de discussion sur des sujets théologique tard en soirée, après dispute avec votre conjoint. J'espère que vous prendrez note.

X-acto mon amour



Cloudy demandait l'autre jour comment un ratage de dernière minute était possible.


Voici un exemple.


J'ai repris l'autre soir la calligraphie « Je crois au soleil même quand il ne brille pas ». Après 1 heure 30 de travail (principalement à cause de l'aplat violet qui a exigé 5 couches de gouache qu'il faut à chaque fois laisser sécher à fond pour donner quelque chose d'uniforme), après avoir réussi un texte difficile parce que calligraphié sans portées pour me guider, ratage sur les 2mm de la fin! Pas sur la dernière lettre, mais sur la dernière section de la dernière lettre, sur le petit délié du bas du « s », qu'il faut exécuter avec le coin de la plume en tirant l'encre déjà déposée dans le plein de la partie médiane. Là, l'irréversible se produit : le papier était plus imbibé que je ne l'avais cru et en tirant ce qui ne devait être qu'un petit filet d'encre, c'est toute une grosse goutte que j'entraîne.




Lorsque le travail est calligraphié à la gouache, je peux compter sur mon ami l'x-acto pour me tirer d'affaire : j'attends que la peinture sèche et je gratte. Là j'avais utilisé le brou de noix. Ça imbibe d'avantage le papier et je ne savais pas si je parviendrais à sauver la calli.


Eh bien croyez-moi, l'x-acto est un ami fidèle qui ne nous laisse jamais tomber dans les moments difficiles. Il a bien su faire disparaître l'horrible goutte.





X-acto, mon ami, je t'aime!



Quand tu me sauves comme ça des heures de travail, je crois que je t'aime tant que je te ferais l'amour.





Enfin, presque.







vendredi 11 janvier 2008

Projet 2008 – part 2

Ou Confession honteuse


À entendre les profs parler de leur job, on a parfois l'impression que ce sont tous des Jeanne d'Arc qui ne vivent que par la vocation. Soyons un peu réalistes, il n'y a pas que des passionnés dévoués jusqu'à la mort dans ce métier, mais on entend moins parler de ceux qui se situent à l'autre bout du spectre, les fonctionnaires de l'enseignement. Je ne dirais pas qu'ils sont légion non plus, ceux-là. Reste silencieuse, aussi, la majorité silencieuse (drôle de coïncidence), enfin, tous ceux qui ont l'impression d'être affecté par quelque tare congénitale parce qu'ils exercent un métier et non une vocation. Je fais partie de cette majorité silencieuse.


Après des débuts difficiles, il faut bien l'avouer, j'ai connu quelques bonnes années. Avec quelques instants de grâce, du genre de ceux où on s'exclame, à 16h20 : « Hé, groupe, on vient encore de prolonger le cours de 20 minutes sans s'en rendre compte » (chose que je n'ai pas dit depuis un certain temps, je vous l'assure, si on dépasse et qu'ils se taisent, c'est désormais par pure politesse) ou encore quand on se rend compte que 25% d'un groupe s'inscrit en philo à la fac (O.K., ça n'est arrivé qu'une fois et ces temps-ci, la courbe des vocations de philosophes est en chute libre dans mes groupes). Ce temps-là me semble définitivement révolu. J'estimais que c'était, au bout du compte, assez cher payé de ma personne, de ma santé et de ma famille comme investissement pour en arriver là : état de surexcitation permanent (bien sûr, il y a les chanceux qui ont un charisme naturel si fort qu'il parviennent à faire deux fois mieux en restant dans un état de perpétuelle zénitude, mais moi j'avais besoin d'excitants puissants), 2 cafetières d'expresso, peu de sommeil pour rester bien surexcitée tout le temps, mes cours à l'esprit jour et nuit mais juste pour rester dans « l'état d'esprit » parce que je me faisais un point d'honneur de ne jamais donner deux fois le même cours, de tout préparer mentalement au quart de tour pour tout envoyer promener une fois devant le groupe et me lancer dans une improvisation qui se voulait du « on pense en semble et vous voyez à quoi on parvient ». O.K., je pouvais pousser les élèves assez loin comme ça, dépasser amplement les objectif du programme enrichi du BI. Une élève est venu me dire que ses cours de troisième année de philo à l'université étaient si « simplistes », comparé à ce qu'on faisait ensemble – tel autre élève, devenu prof à son tour, me disait qu'il ressortait ses notes de cours sur Kant alors qu'il faisait sa maîtrise en sciences po et tout cela me mettait aux anges, bien sûr.

C'est sûr que je ne réussissais pas toujours aussi bien avec tous les groupes et tous les élèves, mais bon, ça allait. Ou plutôt non, ça n'allait pas. Parce que les jours où je n'entendais pas des « madaaaaaaame, on vous aiiiiime », j'étais plus tourmentée que les damnés de l'enfer. Alors quand j'en voyais un qui dormait, imaginez! Est-ce que ça allait mieux quand on me disait « madaaaaaame, on vous aiiiiiiime teelllllement »? Pas du tout, parce que je n'avais qu'une idée en tête : faire mieux. Et au ventre, j'avais toujours l'angoisse épouvantable de ne pas faire mieux.

Les hauts et les bas de la vie d'artiste, quoi! Et pendant ce temps-là, F1 dessinait des petits bonhommes tout noirs qui pleuraient et m'expliquait : « Il pleure parce que sa maman n'est pas là. » (J'imagine qu'il se faisait trop garder chez sa grand-maman) L'Encrier en avait marre, et j'étais perpétuellement stressée. Ça ne pouvait pas durer et j'ai finalement décroché. La naissance de F2 m'a drôlement aidée : quand une enfant ne dort pas du tout durant toute la première année sauf si vous l'avez dans vos bras (quelle blague cette idée du nourrisson qui dort 23 heures par jour, c'était zéro minute pour F2 si je ne l'avais pas dans les bras), quand une enfant ne fait toujours pas ses nuits à 3 ans et que cela fait justement 3 ans que vous n'avez pas dormi plus de 2 heures en ligne dans le meilleur des cas et plus de 4 heures par nuit les jours de chance, vous ne pouvez plus soutenir ce rythme, vous ne le voulez plus. Vous donnez un cours fatiguée et il est plate. Pas tellement de répondant de la part des élèves bien sûr, et comme vous carburez vraiment au répondant, ça n'en est que pire. Fut un temps où j'avais beaucoup de paires d'yeux enthousiastes devant moi, mais ce temps me semble bien révolu. C'est toujours les mêmes 4 ou 5 par groupe qui « participent » et cette participation se limite parfois à poser de simples questions de compréhension. Fini le temps où surgissaient spontanément les discussions passionnées. J'en ai bien quelques uns d'allumés, mais dans l'ensemble, je fais dormir. Et puis, je décroche graduellement parce que je suis tannée de constater à quel point je deviens soporifique, mais simplement parce qu'il y a trop d'autres choses que j'ai vraiment envie de faire.

Ceci dit, je travaille depuis dix ans pour l'une des plus anciennes institutions d'enseignement au Québec. Elle a un campus en Outaouais, dernier reliquat de sa section collégiale. Nous appellerons cette Vénérable Institution disons… P.S.Q. (ce qui peut vouloir dire n'importe quoi). Donc, l'an dernier, quand les trous vénérables administrateurs nous ont annoncé, alors qu'on se défonçait depuis des mois en vue de recruter le plus d'élèves possible et que la cohorte à venir s'annonçait des plus prometteuses, qu'ils avaient décidé depuis des mois de fermer le campus et que l'édifice était à vendre depuis un bon moment, j'ai été presque soulagée. Puisqu'il fallait mener à terme la cohorte qui n'avait pas terminé (nous étions les seuls à offrir le programme de Baccalauréat international dans la région), les vénérables administrateurs nous ont changé notre statut d'employés et nous sommes tous devenus profs à la leçon, ce qui leur permet, rusés petits stratèges, de bénéficier de notre travail quasiment bénévole et de ne pas avoir à nous payer d'indemnités lorsqu'ils mettront définitivement la clé dans la porte, à savoir en mai cette année.


Je n'envoie pas de CV, je veux passer à autre chose. Mon projet : faire de la papeterie de mariage. Bien sûr, ce ne pourra être qu'un revenu d'appoint, mais depuis le temps que l'Encrier rêve que je quitte l'enseignement, depuis le temps que mes enfants ont besoin de moi, depuis le temps que j'en ai marre d'être rongée de l'intérieur… ;)


À suivre…




Pénis salvateur!

ou Propos de table





Hier midi, à table :


Fille nº2 (3 ans à peine) : Pipi!


Fille nº1 (11 ans, indifférente) : …


F2 : Caca!


F1 : …


F2 : Pet!


F1 : …


F2 : Gaz, pénis!


F1 : Pfff… hihihi!


F2 (enthousiaste): Pénis, pénis!


F1 : Wouahaha!


F2 (extrêmement fière d'avoir le contrôle de la situation : elle agit et l'autre réagit!) : Pénis! Pénis! Pénis! Pénis! Pénis! Pénis!


F1 (qui prétend rire à cause du mot « gaz » prononcé pour la dernière fois il y a maintenant dix bonnes minutes, prenez le raccourci temporel) : Whouahahahahaha!


Etc. 5 à 10 minutes de temps. L'hilarité a gagné la Respectable Mère de famille. Puis :


F1 : Mââââââmannnn! Elle s'est essuyé les doigts sur mon chandail neuf du Garage!!!!!


F2 : Espèce de grosse nullarde, j'ai même pas fait exprès!!!


F1 : Maâââaââman!!!! Elle l'a fait exprèèèèès!!!


F2 : C'est mêêêêêême pas vrai!


Cris suraigus, échanges de bon mots (conasse, grosse nulle, etc.), griffures, etc. La mère implore le Ciel qui prend pitié d'elle et là, c'est l'Illumination :


Repectable Mère : F2, pourquoi ne pas faire rire ta sœur ?


F2 (qui hésite un seconde, puis redémarre) : Pénis!


F1 : Hihi!


F2 : Pénis! Pénis! Pénis! Pénis! Pénis! Pénis! Pénis!


F1 : Whouahahahahaha!


Etc.



Alléluia! La paix des anges redescend sur terre. Agréable repas au bout du compte.


jeudi 10 janvier 2008

Projet 2008 - part 1
















Voilà, tout ça, c'est du réchauffé, j'ai ressorti mon cahier d'esquisses de l'an passé. J'ai retenu quelques dessins pour un projet dont j'espère avoir le temps de vous parler plus tard aujourd'hui en espérant que mettre en mot est une façon d'amorcer la réalisation, de s'obliger à mettre les choses en marche.

Tout de même, à rouvrir ce "cahier" après un an, je ne peux m'empêcher d'avoir la désagréable impression que ce que je faisais de façon plus désinvolte l'an passé était meilleur (plus vivant) que ce que je fais ces temps-ci, en m'appliquant peut-être un peu trop. Une spontanéité à retrouver ?

mercredi 9 janvier 2008

« Lui suggérer virtuellement comment partager sous la tente »

Voilà la résolution du nouvel an que m'a produit le générateur de résolutions (lien trouvé chez la Rousse pas si grande).

Aïe!

Ça va pas mal dans le sens contraire des résolutions de Femme libre ça, non?






(Je sais que je suis une femme mariée et que ce blog est un blog respectable, mais comme j'ai rallié aujourd'hui le clan des créationistes darwiniens pour m'inscrire en tant que scientifique à un colloque à Orlando qui me fournira un prétexte rêvé pour aller à Disney World sans perdre la face et que, renonçant donc à mes amours mécréantes avec Spinoza, grand pourfendeur des causes finales, je me mets à l'écoute de Dieu, de Darwin (?) et de l'Univers, je me dis que c'est peut-être un signe. Et si Dieu et l'Horloge des minutes essentielles me disaient de prendre mon courage à deux mains pour m'engager dans un adultère virtuel avec Ciaran Hinds? J'irai m'acheter une tente demain. En attendant, si jamais quelqu'un connaît son adresse email...)


Je crois au soleil même quand il ne brille pas.



Projet. Adaptation de cursive gothique et adaptation de lombardes (qu'on appelle également lettres tourneures). Gouache, aquarelle et brou de noix.


C'est mon brouillon. Ça aurait pu être le final, mais il y a des problèmes, alors je vais essayer de le reprendre cette semaine.


La couleur semble plutôt bleue sur la photo. En fait, c'est violet.


Les lombardes n'étaient pas géniales. Je les ai déjà améliorées sur un calque pour la 2e version.


La première ligne de texte en cursive gagnerait à être décalée vers le haut de 0.5 cm.


Les deux dernières lignes devraient valser davantage ― là, à la limite, on pourrait se dire qu'elles sont simplement croches. Sur mon brouillon, elles valsaient plus et c'était mieux. Comme je les ai écrites sans portées (c'est long faire des portées qui valsent), je courais un risque en les écrivant.


Si vous avez du mal à lire la cursive (la lisibilité n'est pas mon premier objectif), c'est une citation d'auteur anonyme : « Je crois au soleil même quand il ne brille pas ».


Le petit look presque « ado psychédélique » n'était pas prévu mais je vais faire avec. J'avais comme projet initial de poser de la feuille d'or sur le « o » en lombarde mais je vois que ça ferait vraiment trop psychédélique ― mal de tête garanti au premier coup d'œil. Je me contente de laisser la contre-forme blanche.


J'en ai bavé avec le lavis de gouache sur papier pressé à chaud. Le temps de séchage est trop rapide, difficile de produire quelque chose d'uniforme sans faire avoir à poser quelques millions de couches. Je dois me rappeler de ne plus utiliser ce papier, sauf pour le copperplate.

mardi 8 janvier 2008

Du zéro absolu et des mondes infinis





Aujourd'hui on flotte entre deux eaux, on passe sans arrêt de l'infiniment grand à l'infiniment petit.



*



Dans le bureau. F2 et moi « travaillons » dos à dos, chacune à « sa » table de travail.


― Rhôôôôôôô-ôôô-ôôô!


― …. ?


Grosse nulle!


― ???


Mais tais-toi donc, espèce de grosse nulle!!!!


Là, Mère indignée pour ne pas dire carrément suffoquée, se retourne afin remettre à sa place l'insolente jeunesse et constate qu'F2, qui a compris assez vite les règles du jeu, s'impatiente de la lenteur des explications et crie son exaspération à la voix féminine qui sort de l'ordi ;)


*


Quelqu'un a dû lui expliquer ce que sont les milliards. En ce moment, tout se compte ici en milliards et en centaines de milliards. Je n'y avais pas fait attention au début, tellement elle en parle avec naturel. C'est la répétition que m'a fait remarquer la chose :


― Maman, j'ai envie de te donner des milliards de baisers!


― :-))


―Des chansons comme ça, j'en connais des centaines de milliards!


― :-)


―J'aimerais avoir des milliards et des milliards de bonbons!


― !


―Peut-être que si je le demande au Père Noël un milliard de fois…


― ?


― Je vais dessiner un champ avec des milliards de fleurs.


― …


―Et puis je vais utiliser des milliards de couleurs!




O.K., Doudou, ça fait un au moins milliard de fois que tu me le dis en moins de cinq minutes ;-)




dimanche 6 janvier 2008

Le final










Palette : Imitation de jaune auréolin, jaune permanent orangé, jaune de mars, sienne naturelle, sienne brûlée, bleu cobalt, rose doré, rouge quinacridone, garance brune, violet de winsor

Techniques : humide sur sec et humide sur mouillé.


Je vais tenter une deuxième version en teintes froides, mais pas tout de suite. Je me donne le temps de prendre du recul.


samedi 5 janvier 2008

À ne surtout pas manquer !

Surprise ! (cliquez)

Pas terminé, mais...





... je publie avant qu'un ratage magistral de dernière minute ne se produise ;)







Je me suis fait un calque et je vais en essayer différentes versions. J'espère bien terminer celle-là demain soir, à tête reposée (i.e. lorsque les enfants sont couchés)

Hamtaro Story Part 1









En revenant d'une journée à l'extérieur, une des grandes énigmes familiale a enfin été résolue : nous connaissons désormais le sexe de notre Hamtaro , qui s'est finalement avérée être « une » Hamtaro. Enfin, une ex-Hamtaro rebaptisée (laïquement bien sûr) Pachemina. Seule F1 a vu les bébés, et guère plus qu'une seconde : en soulevant ex-Hamtaro, elle a vu « une petite montagne de bébés roses » que la maman cachait sous son ventre.

Bon, la cage a été lavée hier après-midi, ce qui veut dire qu'au moins, le timing est bon : on a quelques jours devant nous pour permettre aux bébés de prendre des forces avant d'avoir à les déranger. F1 a lu sur le Web qu'une portée de hamster, c'est 2 à 9 petits. J'ai dit à F1 qu'elle pourrait en garder un. Grisou a tenté un shotgun pour les deux suivants, mais F1 n'était pas d'accord et je n'avais pas la ofrce de supporter encore un autre conflit entre ces deux-là, alors je me suis lâchement rangée du côté de F1. J'espère qu'on n'aura pas à se casser la tête pour caser les autres. Comme la mère est jeune et qu'elle en est à sa première (et dernière, sauf intervention de l'Esprit-Saint) portée, je prie (eh oui!) pour qu'il y en ait le plus possible qui meurent de leur belle mort.

Si jamais l'un de vous veut en adopter un ― et pourquoi pas deux! ― je vous poste ça gratuitement ;)



jeudi 3 janvier 2008

Iris




Les couleurs ne sont pas tout à fait exactes sur la photo : certaines jaunes paraissent blancs (ex. l'apparent trou blanc sur le fruit en bas, à droite, de même que sur celui dans l'assiette) et les orange pâles semblent jaunes foncés.

Je vais le reprendre, demain (plus réalistement : la semaine prochaine), sur du papier de qualité (Arches). Là, j'ai utilisé du Fabriano Studio et comme il y a eu des tâtonnements, plusieurs lavis et des effacements, deux choses que le papier bas de gamme tolère mal, ça a donné un aspect "boueux" par endroits.

Je voudrais aussi donner un aspect un peu plus géométrique à l'arrière fond - à suivre.

L’extrait du jeudi soir


Un autre billet à quatre mains : la Note de jeudi soir de Cloudy m'a rappelé un de mes extraits fétiches, un passage du « Chant de minuit » dans Ainsi parlait Zarathoustra extrait de Nietzsche.



Toute joie veut l'éternité de toutes choses, veut du miel, du levain, veut un minuit ivre, veut des tombes, veut la consolation des larmes sur les tombes, veut le flamboiement d'un couchant d'or,

que ne veut-elle pas, la joie! elle est plus altérée, plus cordiale, plus affamée, plus terrible, plus intime que toute douleur, elle se veut elle-même, elle se mord elle-même, la volonté de l'anneau lutte en elle, ―

― elle veut l'amour, elle veut la haine, elle est trop riche, donne, gaspille, mendie pour que quelqu'un la prenne, remercie celui qui la prend, elle aimerait bien être haïe, ―

― elle est si riche, la joie, qu'elle a soif de douleur, d'enfer, de haine, de honte, d'infirmité, soif du monde, ― car ce monde, oh vous le connaissez!

Hommes supérieurs, c'est vous qu'elle désire, la joie, l'indomptable, la bienheureuse, ― elle désire votre douleur, hommes manqués! Toute joie éternelle languit après les choses manquées.

Car toute joie se veut elle-même, c'est pourquoi elle veut aussi la peine! Ô bonheur, ô douleur! Oh brise-toi, cœur! ô hommes supérieurs, apprenez-le, toute joie veut l'éternité,

― la joie veut l'éternité de toutes choses, veut la profonde, la terrible éternité!


F. Nietzsche, Chinois de la Chine imaginaire.


(Ainsi parlait Zarathoustra, dans l'inégalable traduction de Marthe Robert, Union générale d'éditions, pp. 305-306)


C'est un magnifique billet pour commencer l'année, non ? même si ce n'est pas moi qui l'ai écrit ;)