mercredi 7 novembre 2007

Rosiers frileux

J’ai toujours aimé les rosiers Thé (qu’il ne faut pas confondre avec les hybrides de thé, ces grosses roses de fleuristes qu’un ami appelait méchamment « fleurs de plastiques ») et les Noisette (qui portent le nom de leur obtenteur, Philipe Noisette).

Les subtiles nuances des Thés, leurs fleurs aux pétales échevelés, savamment chiffonnés, les bouquets ravissants des Noisettes, tout cela me fascinait tellement!

Les Thés sont issus du croisement de deux des quatre premiers rosiers de Chine rapportés en Europe au XVIIIe s., ceux qui étaient de type "gigantea"(il s'agit de Hume's Blush et de l'autre, le jaune, dont je ne me souviens plus du nom) avec les rosiers Bourbons, eux-mêmes issus d'un croisement spontané (sur l'Île Bourbon) entre un rosier de Chine et le Damas d'automne (également appelé Damas 4 saisons) dont tous les rosiers remontants d'Europe descendaient jusqu'alors. Les rosiers de Chine ont légué aux rosiers Bourbon mais encore plus aux Thés une remontance (capacité à refleurir plusieurs fois) bien supérieure à celle du Damas d'automne. Mais le parfum des Thés, s'il est un peu plus prononcé que celui du rosier de Chine, n'en demeure pas moins assez discret (c'est un parfum fruité). Les Bourbon, par contre, ont un parfum tout a fait enivrant, qu'ils doivent à leurs ancêtres Damas. Je reparlerai des rosiers Bourbon que j'aime à la folie dans un autre billet.

Les Noisette, quant à eux, sont issus du continent américain. Ils ont été produits à partir d'un croisement de rosa x moschata avec le rosier de Chine, ont un port grimpant et donnent de ravissantes petites fleurs qui éclosent en bouquets. Croisés plus tard avec les Thés, ils ont donné naissance aux somptueux Thés-Noisette (la magnifique Céline Forestier, le Maréchal de Niel, Chromatella qu'on apelle aussi "Cloth of God" pour ne nommer que ceux-là)

Mais voilà, ce sont des rosiers très peu rustiques, qu’on cultive généralement en zone 8 et 9. Et encore, il s’agit de là des zones de rusticité américaines. Au Canada, les zones de rusticité fonctionnent différemment, et il faut chaque fois soustraire 1 par rapport aux zones américaines. Ainsi, un habitant de la rive sud qui vit en zone 5b selon Environnement Canada est en fait, si on se réfère au système USDA qui est celui utilisé partout ailleurs dans le monde, en zone USDA 4b.

Cultiver des rosiers de zone 8 en zone 4a (Outaouais), c’était du suicide. Mais ces rosiers étaient trop vraiment trop beaux!

Alors j’ai fait des mains et des pieds pour m’en procurer. On peut obtenir variétés de Noisettes chez Pickering Nurseries, en Ontario. J’en ai fait venir. Les Thés sont cependant beaucoup plus difficiles à trouver. Pickering offrait le magnifique Gloire de Dijon, le ravissant Duchesse de Brabant, mais c’était tout. Il y a bien une pépinière de Colombie-Britannique qui offre depuis deux ou trois ans quelques variétés supplémentaires mais à l’époque, ils ne cultivaient, eux aussi, que Gloire de Dijon et Duchesse de Brabant. J’ai donc dû faire des pieds et des mains pour me procurer quelques boutures sous le manteau (je sais que c'est très vilain, mais j'étais prête toutes les bassesses).

Durant les premières années, je leur ai offert une protection hivernale qui aurait pu les protéger des froids du Grand Nord. C’est tout juste si je n’allais pas me coucher sur les montagnes de compost dont je les avais recouverts, quetion de leur offrir un peu de chaleur supplémentaire. Jeleur ai lu des contes et chanté des chansons - enfin presque. J’ai ainsi réussi à cultiver des Thés et des Noisette. On a fait des boutures qu’on a offertes à d’autres fous des rosiers, on en a envoyé au Jardin botanique, et là on est quelques fanatiques à cultiver Thés et Noisette.

Et puis, avec le temps, l’enthousiasme (la folie) s’essouffle un peu, on s'enflamme pour une autre classe de rosiers, et la paresse fait le reste… Je ne leur ai pas toujours donné la protection hivernale adéquate, et j’en ai perdu. Je cultive toujours Gloire de Dijon, Duchesse de Brabant, Baronne Henriette de Snoy, Mlle Franziska Kruger, Rubens, le Général Schablikine, Mme Berkeley, Mme Joseph Shwartz, Alister Stella Gray, Aimée Vibert, Blush Noisette, Caroline Marniese,et Narrow water, mais Lady Hillingdon, Mme Lombard, Clementina Carbonieri, Mrs. Dudley Cross, Mme Antoine Mari et l’Archiduc Joseph me manquent vraiment beaucoup.



Rubens



Général Schablikine



Mlle Franziska Kruger


Mlle Kranziska Kruger



Mme Berkeley


MmeBerkeley


Mme Berkeley




Mme Berkeley

4 commentaires:

Une femme libre a dit…

Oui, mais, les rosiers, ça pique. Une fleur de toute beauté mais agressive comme pas une. Et difficile et capricieuse. Odorante et belle, voilà ses qualités. Mais tant de défauts! Bon, je suis de mauvaise foi, je le sais,et jalouse aussi de vos succès avec ces belles arrogantes, je leur en veux aux rosiers et à leurs roses qui ont toujours refusé obstinément de pousser chez moi et qui se font un plaisir de ne jamais fleurir et/ou de me mourir dans la face à tous les coups. Vous êtes une grande jardinière car vous ne vous attaquez pas aux plsntes les plus faciles. Moi, je suis une adepte du "Jardinier paresseux", j'ai tous ses livres et chez moi, ce sont des vivaces résistantes et qui demandent peu ou pas de soin qui égaient mes plate-bandes.

Encre a dit…

Moi aussi, je deviens une jardinière paresseuse.

Mais certaines roses ont un parfum tellement intoxiquant, et sont tellement belles, que c'est vraiment se priver de quelque chose de leur en vouloir pour leurs épines!
Et puis il y a certaines variétés sans épines. Il y aussi des variété très faciles à cultiver.
Les hybrides de thé ou les floribundas qu'on nous vend à profusion dans les pépinières sont des rosiers qui poussent mal sous nos climats. Ils sont surtout adpatés à la zone USDA 6 (donc zone canadienne 7), même s'ils sont taggés zone par les producteurs. Ils faut donc leur donner une bonne protection hivernale. Mais comme ce sont des rosiers qui sont souvent malades et qui ne donnent pas de beaux arbustes, perso, je ne les cultive pas. C'est peut-être de ces rosiers que vous avez perdu?
En tout cas, il y a plein de variétés sublimes qui sont faciles à cultiver (compost au printemps, et c'est tout), mais on les retrouve peu dans le commerce.
Je vais faire sous peu un article sur les rosiers galliques. Si jamais ils vous faisaient de l'oeil, dites-le moi, j'ai plein de drageons à donner.

Une femme libre a dit…

Je remets un peu en question mon idée de m'en aller en condo quand je regarde mon beau jardin situé en pleine ville tout à côté d'un métro(soupir).

Encre a dit…

C'est vraiment renoncer à beaucoup!(J'essaie de plaider la cause de votre jardin et de tous ces passants qu'il doit réjouir). Dans les édifices de petite taille (ex. les douze logements), on peut toujours essayer d'offrir ses services pour l'aménagent paysager, à condition que des co-propriétaires de longue date ne se soient pas emparés de la tâche :-(