Je disais hier à Femme libre combien ses billets sur le yoga me donnaient le goût de me mettre à l’école d’une discipline qui m’obligerait à la méditation et qui m’enseignerait la persévérance et la rigueur. Comme je ne suis pas souple pour deux sous, le yoga n’est vraiment pas pour moi. Je pensais alors plutôt au T’aï chi ou à quelque chose du genre.
Quelques minutes après envoyé mon message, j’ai réalisé que j’avais peut-être déjà un peu de tout cela avec la calligraphie.
Les calligraphes contemporains qui décrivent la pratique de la discipline comme ils décriraient une technique de méditation sont légion. Ils aiment filer la métaphore du vide et du plein. L’alternance des formes et contre-formes s’y fait méditation sur le yin et le yang, l’équilibrage des pleins et des déliés se transmue en une subtile métaphysique des contraires. Leurs textes pullulent d’allusions au Tao.
J’ai longtemps trouvé cela assez charrié et mis ça sous le compte de l’excentricité, voire d’une certaine complaisance. Mais depuis un an ou deux, je dois admettre qu’il me semble y avoir quelque chose de vrai dans tout cela; ou du moins, que cela rejoint ma propre pratique de la calligraphie. Peut-être simplement parce qu’inconsciemment, j’ai subi l’influence de ces écrits. Ma fascination pour les calligraphes chinois aurait fait le reste.
Ce que je travaille est moins la perfection de la forme que l’expressivité du trait. Travailler le trait, c’est d’abord éduquer et discipliner le geste pour ensuite pouvoir laisser parler (chanter?) la main. Cela suppose une attention complète au geste accompli, une souplesse, une intelligence, une culture de la main qui s’acquièrent à force de millions de a, de b et de c tracés sans relâche, jour après jour.
J’ai lu Passagère du silence, ce beau livre de Fabienne Verdier, à une époque de ma vie où j’étais toujours débordée et à bout de souffle. L’auteur y raconte comment, jeune étudiante, elle partit seule passer près de dix ans la Chine encore très fermée des années 1980 pour y être initiée à l’art de la calligraphie chinoise. J’ai été littéralement fascinée par le récit de ses débuts dans la discipline. Son vieux maître ne lui fit tracer, pendant des mois et des mois, que des traits horizontaux, traits qui devaient exprimer tantôt le mystère du règne végétal, tantôt la force de l’os.
Le T'aï chi me serait certainement très profitable. Après tout, je ne suis pas qu’une main ou qu’un bras qui trace des signes sur le papier. Mais j'ai l'impression que la calligraphie m'a déjà un petit peu appris de ce que le T’aï chi peut m’offrir.
3 commentaires:
C'est vrai que la concentration que peut exiger la calligraphie s'apparente à la méditation. Le physique est moins sollicité par contre. Rien n'est parfait...
Quoique la fierté d'une oeuvre particulièrement réussie dure plus longtemps que les effets du conditionnement physique ;)
(Très belles calligraphies en passant!)
Le physique est moins sollicité, ça c'est sûr ! LOL
Merci!
Encre,
Il est certain qu'il faut en faire et en faire encore pour acquérir la souplesse, l'excatitude du trait, c'est d'ailleurs ce qui toute la différence entre un peintre et un génie, il pose son trait une fois et juste, tout est équilibre, parfait.
C'est une gymnastique quotidienne qui demande de la rigueur, pour la calligraphie comme pour la peinture; le taï-chi peut effectivement vous aider à améliorer la gestuelle, la pensée du mouvement.
A BIENTOT musarde68
Enregistrer un commentaire