Je sais bien que le siècle ne goûte guère la morale et qu'il est plutôt aux frivolités. À ma décharge, je dirais cependant que je n'ai pas vraiment eu le choix, vu le dévergondage éhonté de certains commentateurs qui semblent oublier que ce blog est un blog respectable (2).
Devant le relâchement et le manque évident de retenue de certains bloggeurs qui ne rougissent pas des propos qu'ils osent tenir avant 21 heure sur la place publique (3), je me dis qu'il faut réagir avant que ça ne dégénère. La pente glissante des coupables complaisances nous mènerait tôt ou tard à frayer avec l'Abjecte. C'est pourquoi un temps de réflexion est nécessaire : faudra-t-il en venir à imposer, sur ce blog et dans nos écoles, un code de conduite qui fera la promotion des vraies valeurs, de la vraie foi et du vrai bon goût?
Et puisque d'aucuns (mais qui donc dans la foule innombrable de nos lecteurs???) ont ici évoqué Schopenhauer, nous nous rangerons derrière cet ardent défenseur du bon goût, cet homme dont la misogynie et l'antisémitisme auraient à eux seuls déjà amplement pu suffire à justifier la canonisation, canonisation qui aurait d'ailleurs probablement été prononcée, n'eût-ce été de cette malencontreuse altercation qu'il eût un soir à l'opéra avec le pape Pie IX au sujet du dogme de l'Immaculée conception.
Schopenhauer, cet esprit édifiant, écrivit donc un soir où il était trop fatigué pour se relire :
"L'ignoble n'est point supportable dans l'art, bien que le laid lui-même, du moment qu'il ne tombe point dans l'ignoble, puisse y trouver sa place"
(MVR, 40)
Quoi de plus respectable que cette assertion qui témoigne, sans doute, de la noblesse de celui qui l'énonce (vingt ans plus tard, c'était déjà un discours de plouc). La position de Schopenhauer , homme parfaitement sain d'esprit, n'est sans doute pas très difficile à comprendre. Mais on ajoutera tout de même, pour les besoins de la cause, que selon lui, la contemplation esthétique, faisant de nous de simples spectateurs, nous arrache aux tourments de l'existence et nous réconcilie ainsi avec elle.
Si nous prenions ce docte philosophe comme guide, figure titulaire, arbitre du bon goût, il nous faudrait de ce pas bouter Nebreda ici présent (juste en bas, le visage bien caché sous ses propres immondices) de nos respectables Musées (où d'ailleurs, il ne doit pas mettre souvent ses pieds couverts d'excréments), Nebreda qui a sa façon bien à lui de répondre à Schopenhauer comme vous pourrez seul d'un coup d'œil le constater :
Afin de mieux juger de la pertinence d'instaurer ici un code de vie basé sur le Vrai, le Bien, le Beau et la Mesure(4), nous vous proposons donc ce petit sondage maison :
Vous-sentez vous plutôt du type :
- Schopenhauer
- Nebreda
Liens Nebreda :
Sur Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/David_Nebreda
http://a-a-a.blogg.org/date-2006-10-16-billet-456645.html
Quelques œuvres http://suttercane.over-blog.com/album-304124.html
Un article de F. Aubourg qu'on peut lire en famille parce qu'il n'y a pas de photos sur la page, si je me souviens bien: Freud et l'art contemporain : de Dali à Nebreda
Si vous êtes assez fan pour vous taper un article en espagnol : http://www.solromo.com/art_foto/nebreda
Vous avez deviné et nous l'avouons : « De la Respectabilité » est un hypocrite racolage destiné à faire décoller les cotes d'écoute en exploitant la souffrance d'un artiste – et, accessoirement, à faire découvrir Nebreda, mais à condition que ça rapporte des sous au bout du compte et que personne ne se présente sur ce blog à moins d'être convenablement habillé – les tatoués étant priés de sortir de notre espace web.
Vous aurez aussi deviné que si nous avons eu du temps à consacrer au maintien de l'ordre moral et à la ligue de tempérance, c'est que les enfants sont en visite chez Mère-grand jusqu'à demain. Nous tenons donc à remercier Mère-grand qui a mis ce temps d'écriture à notre disposition. Elle serait fière de savoir que nous en avons fait si bon usage (Ah! la! la! oui, alors!)
Après ça, je me tais pour au moins dix jours.
[1] Je sais qu’Amélie Nothomb a déjà tout dit sur la question dans Craintes et Tremblement (les pages sur la femme japonaise), mais comme certains semblent particulièrement lents à comprendre, j’ai cru de mon devoir d’aborder le sujet à mon tour.
[2] Oui, c’est vrai, j’avoue que j’en suis parfois, mais ce n’est pas moi qui commence – ça personne ne peut le nier!
[3] C’est vrai que je ne les vois pas, mais je le suppose au ton qu’ils adoptent, ton que je n’entends pas non plus, mais qui se reflète évidement dans le style désinvolte qu’ils ne craignent pas d’afficher!
[4] Le lecteur attentif aura repéré les 4 termes de la triade platonicienne
10 commentaires:
Magistral!
Je reste sans voix. J'emprunte donc celle de Schopenhauer:
«Voilà pourquoi la beauté humaine dépasse toute autre beauté, voilà aussi pourquoi la représentation de l'essence de l'homme est le but le plus élevé de l'art.»
(Le monde etc. III-41, puf, p.271)
Je suis dans l'isoloir devant cette citation et les photos de Nebreda et je dois maintenant décider si je suis du type Schopy ou Nebreda. J'hésite. Pressé par la foule qui s'agglutine derrière moi, je décide d'annuler mon vote...
Cher Ce bref réveil , cet extrait de Schopenhauer par lequel *vous* parlez de Nebreda m’a beaucoup touchée. C’est si vrai. L’espace d’une seconde, je me suis dit que j’avais mal jugé de Schopenhauer, qu’il était injuste de l’opposer ainsi à Nebreda puisqu’il semble si bien décrire ce que l’autre réalise .
Et puis là, éclair de méfiance. Je retourne lire ce qui pourrait encadrer l’extrait cité, et j’émerge de mon amnésie, la mémoire me revient, brusquement.
Schopenhauer écrit, p. 270, que l’objet de le beau est considéré dans son Idée (ok, Nebrerda devient bien la figure de notre humanité), considérée dans son universalité, et son intemporalité (d’accord en partie seulement, j’ai ici de grosses réserves, j’explique plus loin), « de manière purement objective, en de hors de la toute relation ». Là je décroche, comme pour le prochain extrait : « la chose particulière, dit-il au paragraphe précédent, et l’individu connaissant ont disparu », il ne subsiste plus que l’idée contemplée par le sujet connaissant pur et la délivrance que cela produit (cette dernière idée n’est pas dans l’extrait choisi, mais bon).
Je crois qu’on s’est graduellement éloigné de Nebreda, qui transfigure son individualité, transforme, par une série d’allusions et d’identifications, son corps souffrant en icône, mais sans viser à produire une représentation qui aurait quoique ce soit d’universel. Il le dit quelque part, il ne représente pas, il présente. Mais surtout, il ne semble pas attendre des « spectateurs » (mot mal choisis) qu’ils s’élevent au statut de purs sujets connaissants, faire de nous des spectateurs désintéressés. Schopy écrit je ne sais plus où que l’art ne peut être rebutant, qu’il ne doit pas nous dégoûter (avait-il vu le Bœuf écorché – crucifié - de Rembrandt?) Nebreda me semble plutôt parent d’Artaud qui jette sur les spectateurs assis dans la salle (purs sujets connaissants désintéressés qui s’apprêtent à considérer un objet « en dehors de toute relation » ) des quartiers de viande crue. Même si ses œuvres ne se réduisent pas à cette provocation, cette sollicitation à sortir de la réserve du spectateur qui contemple.
Je suis tout à fait d’accord, les œuvres de Nebreda sont bouleversantes, parce qu’elles sont si puissamment signifiantes. Devant ça, on a envie de dire « Ecce homo ». Je dirais que les références qui surgissent à l’esprit sont plus judéo-chrétiennes que grecques, plus religieuses que philosophiques. Toute mécréante que je sois, j’ai presqu’envie de dire que ce gars là, c’est vraiment le christ parmi nous. Parce qu’il est l’humanité, parce qu’il fait ce sacrifice incroyable de sa vie d’individu pour manifester cette humanité, mais aussi parce que le sens est en lui incarné. Dans ses œuvre, le corps devient plus icône qu’image qui révélerait une « essence »
Nebreda, s’il est bien, à travers son œuvre qui est toute sa vie et à travers sa déchéance et sa schizophrénie, la figure même de notre humanité, ne cherche pourtant pas à produire en nous des satisfactions intellectuelles ni à nous réconcilier avec quoique ce soit, il n’entend pas être l’objet d’une contemplation désintéressée, la représentation objective de l’Idée. S’il manifeste si fortement notre condition à tous, c’est à travers la figure d’un corps sans visage qui ne devient un type, ici, qu’à travers la puissance de sa présentation singulière, la présentation d’une souffrance dont le spectateur ne pourra pas tirer de satisfactions intellectuelles (ce serait l’indécence), qu’il ne pourra pas contempler avec détachement.
Suis-je plus Schopy ou Nebreda? Je n’ai pas l’illusion d’être Nebreda pour deux sous, même pas digne de nouer les lacets des chaussures qu’il ne doit pas souvent porter. Je suis désespérément trop respectable pour ça. Mais s’il faut choisir un clan, dire qui on admire et lequel nous montre mieux tout ce que peut être l’art, je choisis Nebreda.
J’aimerais avoir plus de temps pour vous répondre.
Deux choses me frappent. Vous dites que Nebreda ne vise pas «à produire une représentation qui aurait quoi que ce soit d’universel. » Mais plus loin vous ajoutez « il est l’humanité ». Je vous lis sans doute mal, mais pour moi l’humanité à une connotation d’universalité.
Second point, vous écrivez « il n’entend pas être l’objet d’une contemplation désintéressée, la représentation objective de l’Idée. » Là c’est peut-être Schopy que je lis mal, mais il me semblait que l’Idée était l’expression de la Volonté et que l’acte artistique était la représentation volontaire de cette Idée. Si Nebreda n’est pas objectif face à sa représentation de l’Idée, s’il n’y a pas de distance entre lui et son œuvre, s’il est l’œuvre elle-même, alors ce n’est pas de l’art. Toute création n’est pas nécessairement artistique.
Schopy a le défaut de présenter à la fois un système philosophique et d’imposer une esthétique. Son système est suffisamment vague et imprécis pour y inclure la démarche artistique de Nebreda. Son esthétique par contre ne l’est pas. Et c’est évidemment pour me moquer de Schopy que je l’ai cité hors de son contexte.
Manque de temps pour construire un texte, pour me lire puisque j'ai un e traduction à remettre pour demain soir, mais voici quelques éléments de réflexion un peu épars il est vrai et mal articulés, je m'en excuse à l'avance - désolée à l’avance pour les redites, transitions bâclées, articulations douteuses etc. J'espère que ça a un sens minimal, mais je suis trop fatiguée pour relire. Qui ne risque rien n'a rien, allons-y.
Petit retour sur Schopy (dont je ne suis vraiment pas une spécialiste et que je comprends peut-être mal) :
« L’Idée, au contraire (du concept saisi par l’entendement)(…) que l’on peut à la limite définir comme le représentant adéquat du concept, est absolument concrète; elle a beau représenter une infinité de choses particulières, elle m’en est pas moins déterminée sur toutes ses faces; l’individu, en tant qu’individu, ne peut jamais la connaître; il faut, pour la concevoir, dépouiller toute volonté, toute individualité, s’élever à l’état de sujet connaissant pur (pp.300-301)
Schopy encore : la contemplation, qui délivre, est appréhension de l’Idée par le pur sujet connaissant. Cette contemplation nous affranchit, nous « déprend » du vouloir-vivre en en faisant un objet de contemplation.
Nebreda entend-t-il nous délivrer du pathos en le représentant? Il me semble non.
Mais d’abord, entend-il communiquer un savoir, qui précéderait la construction de l’œuvre(Schopy, p. 300, paragraphe 49) par laquelle l’artiste le communique? Je ne crois pas. À en croire Nebreda (comme bon nombre d’artistes contemporains) l’art est pour lui recherche. L’autoportrait est ici conçu comme un travail sur soi, un accouchement de soi. L’art apparaît comme une pratique avant tout. Je crois que Nebreda rejoint ici Nietzsche qui accusait Schopy d’avoir considéré l’art en prenant comme point de départ le point-de-vue du spectateur et non celui de l’artiste, de ne comprendre le rôle de celui-ci qu’à partir de celui-là, alors que lui (Nietzsche) tente de faire l’inverse.
Le but de l’œuvre est-il de révéler quelque chose dont l’artiste aurait au départ la connaissance (intuitive, pas seulement intellectuelle), ou plutôt de créer de nouvelles significations à travers une pratique?
L’idéalisme esthétique de Schopy et la conception de l’art qui lui est liée ont été remis en question par Nietzsche, qui voit dans l’œuvre non plus la manifestation de l’essence (unitas ante rem, dit S. p.302), mais un jeu riche d’apparences nouvelles, de points de vue inusités. L’œuvre ne dévoile rien, elle ne doit pas aboutir à la production d’un « type » (L’Idée comme concept concret), mais se présente comme nouvelle interprétation, interprétation riche en ce qu’elle fait jouer de concert plusieurs points de vue qui pourraient être antithétiques (ce qui est rendu possible parce qu’on renonce à s’enfermer dans le cadre du concept). Lorsque Nebreda dit qu’il ne fait pas de la représentation mais de la présentation, j’ai l’impression qu’il exprime une idée semblable : il ne s’agit pas d’exprimer, de rendre manifeste un sens découvert (Idée) par une représentation, mais de donner à voir, de présenter, de faire apparaître quelque chose sous un nouveau jour, de lui donner sens.
Je ne veux pas faire entrer à tout prix Nebreda dans un cadre préétabli qui me serait donné par Nietzsche (peut-être que je le fais), mais beaucoup d’artistes du XXe ont été marqués par Nietzsche, et je crois qu’il peut peut-être aider à saisir quelque chose de la démarche de Nebreda.
La présentation du corps dans l’œuvre de Nebreda implique une véritable mise en scène et tout un jeu de renvois, de références culturelles. L’artiste est-il en train de « construire » une représentation, ou cherche-t-il plutôt à se présenter lui-même (et à nous) partir d’une nouvelle perspective, d’un nouveau point de vue?
Nebreda ne dit jamais qu’il tente d’exprimer quelque chose dans son œuvre, mais qu’il y cherche quelque chose. Le sens ne semble pas préalablement donné. Ce qu’il cherche à « découvrir » (peut-être plus à produire) c’est, dit-il, la « connaissance de soi », c’est à dire de « son » humanité, précise-t-il , de son humanité (et non de l’Humanité, de l’essence de l’homme, etc. il ne s’exprime pas dans ces termes et je crois que c’est important) là où elle est justement en passe de disparaître, là où on ne peut plus la percevoir, dans ce corps exsangue, devenu presqu’inhumain. Il va la faire émerger de sa presque totale négation, à travers une apparence tout à fait inusitée (d’où la puissance de cette œuvre, à mon avis). Et c’est au bout d’un processus de destruction où il s’engage à fond (l’artiste engage son être tout entier dans l’œuvre) qu’il entend se redécouvrir, se faire renaître. Comment « redécouvre-t-il » cette humanité? En lui donnant sens à travers un jeu de relations, de renvois à un certain nombre de figures, d’icônes, d’autres images. En mettant ainsi le corps souffrant en relation avec d’autres images, il lui donne sens, il se fait naître, il accouche de soi-même. La connaissance de soi, il la décrit comme accouchement de soi. L’artiste s’arrache à l’insignifiance, se donne un sens qu’il ne se contente pas de recevoir, mais qu’il doit produire à travers l’œuvre. Celle-ci devient alors affirmation de soi (pour soi-même et parmi les autres) et non oubli de soi, désintéressement.
Dire « ecce homo », ce n’est pas dire voici l’essence de l’homme. C’est mettre en relation deux images et les rendre ainsi signifiantes, d’autant plus qu’elles sont (ou que l’une d’elles est) déjà constituées de tout un jeu de relations (ex. la figure de Christ). C’est l’universalité intemporelle de l’essence, la perspective essentialiste que j’essayais de mettre en question dans le message précédent.
Le sens produite de cette façon ne se veut pas intemporel (on n’est pas dans une perspectives essentialiste). Le réseau de références à partir duquel il est construit sont culturelles (le Christ, Dionysos) et historiques (Auschwitz). Je trouve les références à Auschwitz particulièrement intéressantes : Auschwitz était une certaine idée de l’homme (fort étroite et assez dégueulasse merci) et en même temps la négation d’une autre. Ça se voulait un lieu de désinfection où on éradiquait la vermine, ce qui n’était plus humain, ce qui ne se sentait plus humain. En voyait la photo de Nebreda, je ne peux m’empêcher de penser à Primo Lévi! C’est à partir de cela là, en prenant appui sur Auschwitz que Nebreda signifie son humanité. C’est cette vermine que Nebreda, par un tour de force, va à nous faire considérer comme humaine en la présentant dans un nouveau contexte.
Se donner sens, ce n’est plus être spectateur c’est se faire naître, être acteur. L’artiste n’est pas désintéressé. Et le « spectateur » n’accède à l’œuvre que s’il accepte de faire face à l’abjecte pour en émerger s’il s’engage lui aussi dans ce processus de recréation du sens.
Il faudrait encore dire un mot de l’objectivité de l’œuvre qui est posée comme objet et qui subsiste (sans pour autant que cela doive être sous une forme matérielle, comme dans l’art événementiel). Elle est ce moi dont l’artiste a accouché, qu’il s’est donné, et par lequel il s’affirme parmi nous. Elle marque la différence entre l’art et la thérapie.
*
Je ne sais pas si je suis parvenue à quelque chose qui se tient à travers tout ce tataouinage. Je suis ici à tâtons, je connais mal Schopy, je réfléchis « à haute voix », c’est tout. Possible que ça n’ai pas de sens, on verra. Le ridicule ne tue pas, et je préfère risquer quelque chose de mal abouti, de mal réfléchi pour l’offrir à la discussion que d’attendre et de trop retarder.
Je repasserai vendredi corriger les fôtes, enlever les redites, articuler un peu mieux.
Merci de votre analyse. Je n'en rajouterai pas une couche, car vous êtes fort occupée et je ne veux pas vous distraire ;)
De doute façon je ne suis pas non plus un expert de Schopy...
Ben voyons! Quelqu'un aura oublié chez vous ce bouquin qui coûte la peau des fesses? Ne me renvoyez pas la question, j'ai obtenu le mien au cours d'un échange auquel j'ai tout juste consenti; en vingt ans, j'en ai lu à peine la moitié - c'est dire si j'ai donné dans l'euphémisme en me déclarant "non-spécialiste" (mais c'est si agréable de parler des choses auxquelles on n'entend rien ;-) )
Pour le reste, je suis moins débordée que je l'aurais cru mais je comprends qu'on n'ai ni le goût ni le temps de donner suite à un tel délire verbal.
Pas le goût de corriger non plus pour l'instant.
Je trouve amusant que vous fassiez allusion au prix du livre. Voici l'histoire de son achat:
Frustré par un échec retentissant à un examen de mathématique, l'étudiant de première année de bac que j'étais est allé se consoler dans une librairie. J'en suis sorti avec "La tentation nihiliste" de Roland Jacquard. Le titre m'inspirait. Jacquard y disait de belles choses sur ce Schopy que je ne connaissais pas.
Je suis donc retourné chez Renaud-Bray, tout naïf que j'étais:
-Bonzour Monsieur, ze voudrais acheter "Le monde etc"
-Mon pauvre enfant nous ne tenons pas ce livre car il est trop dispendieux.
Trop dispendieux! Alors qu'ils ont un grand nombre de livres d'art à 250$. Je suis sorti en courant.
Finalement je l'ai commandé à la librairie de l'université pour 75$. À la même époque Montaigne dans la Pléade m'avait couté 78$ chez R-B (les prix sont encore écrits sur les coffrets de carton) mais il est vrai que la Pléade c'est différent. On l'achète au mètre pour décorer les bibliothèques.
J'ai lu tout le livre de Schopy mais cela fera bientôt 20 ans. De plus je l'ai lu en dilettante durant mon été de vacance (j'étais un peu fêlé, je crois) Le début est atroce car Schopy ne cesse de s'autoréférencer. Le bonbon est au chapitre 46 "De la vanité et des souffrances de la vie". Tout le talent de Schopy s'y trouve. D'ailleurs ce chapitre réconcilierait, par la teneur des propos, Schopy et l'impression que Nebruda transmet.
J'irai faire un tour chapitre 46 en fin de semaine!
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