jeudi 22 novembre 2007

J'ai eu du bol

« Si, par exemple, une pierre est tombée d'un toit sur la tête de quelqu'un et l'a tué, ils démontreront que la pierre est tombée pour tuer l'homme, de la façon suivante : Si, en effet, elle n'est pas tombée à cette fin par la volonté de Dieu, comment tant de circonstances (souvent, en effet, il faut un grand concours de circonstances simultanées) ont-elles pu concourir par hasard? Vous répondrez peut-être que c'est arrivé parce que le vent soufflait et que l'homme passait par là. Mais ils insisteront : Pourquoi le vent soufflait-il à ce moment-là? Pourquoi l'homme passait-il par là à ce même moment? Si vous répondez de nouveau que le vent s'est levé parce que la veille, par un temps encore calme, la mer avait commencé à s'agiter, et que l'homme avait été invité par un ami, ils insisteront de nouveau, car ils ne sont jamais à court de questions : Pourquoi donc la mer était-elle agitée? Pourquoi l'homme a-t-il été invité à ce moment là? Et ils ne cesseront ainsi de vous interroger sur les causes des causes (…) »

Le copain Baruch, Ethq, Appendice à la première partie.


J'ai failli me tuer sur un viaduc ce matin. Pas dessous.


À 9h30, je suis partie seule dans la tempête. Je roulais à 40-50km/h sur l'autoroute, dans la voie du milieu. J'ai quand même dérapé, et pas à peu près. Perte totale de contrôle, j'ai valsé dans toutes les voies, puis je me suis mise à tourner, tourner, tourner sans fin en dérapant, l'auto a fait un tour et demi sur elle-même avant de foncer tout droit en direction du garde-fou. Là je me suis dis : « je vais passer par-dessus bord », et puis l'auto a continué à tourner sur elle-même en évitant in-extremis le garde-fou, et s'est arrêtée.


Je suis indemne, je n'ai tué personne (toutes les autos s'étaient arrêtées), l'auto n'a pas une égratignure. C'est incroyable.


Bien sûr, les pneus d'hiver n'avaient pas encore été posés.


Mes élèves, ma collègue, mon chum, ma mère, tous ceux à qui j'ai raconté mon aventure semblent avoir eu plus peur que moi. Il faut dire que je n'ai pas eu le temps d'avoir peur. Moi que la moindre bibitte rend carrément hystérique, j'étais simplement très concentrée quand ça s'est passé, trop concentrée pour avoir peur.


C'était mon jour de chance aujourd'hui.

13 commentaires:

Caro et cie a dit…

Ouff... Ton heure n'était pas venue!!!!

byebye

Encre a dit…

Ou alors, ça s'est simplement produit alors que des automobilistes prudents roulaient autour de moi ;)

Mais quelque soit l'interprétation qu'on donne de l'événement, je suis bien vivante, c'est ce qui compte! :D

On a eu notre leçon pour l'an prochain : pneus d'hiver dès le début novembre!!!

Une femme libre a dit…

Quelle horreur! Moi qui suis peureuse en voiture, j'ai eu des frissons à vous lire. Me semble qu'on risque tout le temps sa vie sur cet engin de toutes façons. Alors, je vais faire la maman avec vous, ne sortez plus votre bolide tant qu'il n'est pas convenablement chaussé pour la saison!! Bien que il semblerait qu'il y a eu des dérapages même chez ceux qui avaient des pneus d'hiver. Pas une panacée les pneus d'hiver tout de même. Si vous aviez un métro près de chez vous, je vous dirais de le prendre par jours glissants mais bon, vous m'avez déjà dit que vous habitiez une lointaine banlieue remplie de terribles voisins dépourvus de conscience environnementale. Il y avait déjà eu un projet de fermer la province pendant les mois d'hiver. Je ne sais pas si vous savez de quoi je parle. Un scientifique sérieux qui avait proposé cette solution énergétique: l'hiver, tout ferme, on reste chez soi et les activités reprennent au printemps. Tout était calculé et on s'en sortait gagnants au bout du compte.

Caro et cie a dit…

Oui.. les pneus d'hiver c'est un must au Québec!

Ce Bref Réveil a dit…

Je crois qu'il est inutile de remonter la cause jusqu'à Dieu dans ce cas, la négligence relève du libre arbitre.

À moins que Dieu ne soit responsable de votre survie, pour notre bonheur à tous. Ce qui prouverait, finalement, que Dieu est bon.

Encre a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Encre a dit…

Caro : oui, on est adeptes des pneus d’hiver mais jusqu’ici, ma tendre moitié avait toujours dit qu’il ne faut pas faire le changement trop vite pour ne pas user les pneus d’hiver sur l’asphalte. Le soir de l’incident, il me tirait la pipe en me disant : « mais tu dois t’habituer, on ne peut tout de même pas se mettre à les faire changer début novembre, ça les userait bien trop! » Et je l’ai pris au sérieux, je me suis indignée deux secondes avant de me rendre compte qu’il se payait ma tête.

Chère Femme libre, votre scientifique a vraiment eu une idée géniale, je seconde, on devrait tous hiberner durant l’hiver et se réveiller au printemps, pétants de feu. Et, comme vous le dites, fermer la banlieue, ça serait une façon efficace de lutter contre l’étalement urbain ;-) Pour mes horribles voisins, je ne sais pas ce qui se passe, mais comme ça, du jour au lendemain, ils semblent avoir changé leurs habitudes du tout au tout et ont cessé de démarrer leurs véhicules à l’avance. L’Encrier et moi, on n’en croit pas nos yeux!

Cher ce bref réveil, je vois que mon billet manque de clarté – le titre prête en effet à confusion. La fortuna, ça fait peut être un peu trop religieux (genre la providence ). Et puis, ça donne un peu l’air de se prendre pour Jules César. Je n’aurais pas dû vouloir faire la smarte et écrire tout simplement : « La chance », je vais changer ça dès que j’aurai une minute.

Pour cette nouvelle preuve a posteriori de l’existence de Dieu, je crois qu’elle a déjà été formulée par Thomas d’Aquin, c’est (reformulée) la preuve par les causes finales mais justement, mon copain Baruch l’a déjà réfutée. Mais je conviens que de la façon dont vous la présentez, c’est vrai que ça fait assez convainquant ;) Je me demande si la citation ne prête pas aussi à confusion. Spinoza dit bien « ils » (c.a.d. les partisans du miracle) vous diront que… Et il ajoute à la fin qu’ils vous interrogeront jusqu’à ce que vous ayez trouvé refuge en Dieu, cet asile de l’ignorance (pas de guillemets, je cite de mémoire de façon approximative). Je n’ai pas cru bon d’aller jusqu’au bout au cas pour ne pas que finale heurte inutilement certains lecteurs. Mon but n’était pas d’ouvrir une polémique sur Dieu, j’ai utilisé cette citation pour me moquer un peut peu de moi-même, parce que quand on sort d’un incident comme ça, il y a toujours la tentation de (se) dire « quel miracle, je suis indemne! » alors que pense plutôt comme Spinoza que les causes en place ont simplement joué en ma faveur. Je ne crois pas plus en Dieu qu’au libre-abitre. En fait, moins.

Ce Bref Réveil a dit…

Je vous imaginais pourtant bien en train de valser sur les routes enneigées avec Spinoza assis à vos cotés récitant ses propositions:

«Dieu est cause immanente mais non transitive de toutes choses.»
Éthique, prop. 18.

Encre a dit…

Vous aimez ça me tirer la pipe, vous! On ferait de bons preachers, à se lancer des versets par la tête :D

Mais je vais jouer le jeu.

Comme ce "Dieu" de Spinoza n'est « que » la substance unique à laquelle tout est immanent, qu'il n'est ni une personne, ni un être doté de volonté qui agirait en vue de quelque chose, ni donc un créateur ou simplement une providence ou simplement une personne et comme le mot Dieu évoque pour nous tout cela et qu'en plus on ne vit plus comme ce pauvre Baruch à une époque où nous risquons d'être (comme il l’a été) victime d'un attentat pour dire ça, je préfère dire « Nature » ("Dieu ou la Nature " - Ethq IV, Préface - voilà pour la citation ;) .

Même si le terme est quand même gênant puis qu'on lui attribue de plus en plus tout ce qu'on vient de nommer et à cause de quoi je n’aime pas utiliser le mot Dieu.

Pour le reste, j’avoue, je devais avoir l’esprit auprès de Spinoza ce matin là. Quelle déception d’apparaître en ce monde après qu’il l’ait quitté! Ma seule consolation : pouvoir m’entretenir avec lui un jour dans un monde meilleur :D

Ce Bref Réveil a dit…

Tout comme vos pneus, vous êtes incollable ;)

Quoique ce n'était pas vraiment une colle celle-là. Allez, je vous laisse avec Baruch et retourne avec Bachus ;) hip!

nathalie a dit…

Wow ! Quelle Aventure...
Nous en ce moment : Au Saguenay , Québec , Canada...C ' est la folie ....Malheureusement ! Tous n ' ont pas votre chance...Pour nous c ' est une Joie...Vous pouvez continuer , votre Blogue...
Encore MERCI !

Encre a dit…

Hé oui, je savoure ma chance d'entre encore avec ceux que j'aime et je tente d'en profiter le plus possible :D Bonne journée Nathalie

Anonyme a dit…

Allo Encre,

En lisant ce texte, ça m'a permis de faire l'inventaire de toutes les fois où je suis passé près d'y laisser la peau et finalement, il y en a pas mal. Il suffit juste d'un enchaînement malheureux et on y passe, une fraction de seconde avant ou après. Le cas le plus récent s'est produit chez Rona l'entrepôt durant la période des fêtes. J'étais là pour acheter un truc bien spécifique, mais dès que je met les pieds dans un magasin d'électronique ou une quincaillerie, je ne peux m'empêcher de déambuler dans toutes les allées. J'étais donc au bout d'une allée, marchant lentement quand j'ai tout à coup entendu un bruit assourdissant derrière moi. Toute une palette de matériel venait de se fracasser sur le plancher. Un préposé au chariot-élévateur avait fait une mauvaise manoeuvre dans l'allée suivante et poussé un peu trop la palette du haut, de sorte qu'elle était tombée dans mon allée.

Quelques secondes de différence et je recevais une centaine de livre de matériel sur la tête. Je me suis dit: Ouf...puis, j'ai continué dans l'allée suivante. En repassant, plus tard, j'ai vu qu'ils avaient mis des rubans jaunes aux extrémités de l'allée comme le font les policiers sur la scène d'un crime. Sur le ruban on pouvait lire: "Parce que votre sécurité est importante pour nous!". Ça m'a bien fait rigoler.