La violence entre en enfants, vous connaissez? Vous tolérez?
J'ai toujours pensé que j'aurais réussi à bien éduquer mes filles si j'en faisais des enfants gentils. Par gentillesse, je n'entends pas ce sentiment gnagna, un peu bêta qui porte à ânonner à longueur de journée le refrain du « j'aime tout le monde, tout le monde est beau, tout le monde il est gentil », mais un réel souci des autres et de leur bien-être. J'ai tenté de leur faire comprendre que la beauté est une chance, mais qu'elle n'est que ça, que son importance est bien relative en regard des qualités du cœur, et que l'intelligence, qu'il nous faut toujours cultiver, ne suffira jamais à nous apprendre à vivre avec les autres. Pensant qu'un enfant doit apprendre à vivre avec d'autres enfant qui comme lui sont des êtres qui ressentent le plaisir et la souffrance, pensant aussi, de façon moins désintéressées, qu'une personne qui a des qualités de cœur est une personne aimée et appréciée des autres, j'ai donc fait de la gentillesse la vertu n.1 de mon palmarès parental. Je crois avoir assez bien réussi à « transmettre mes valeurs », comme on dit.
Trop parfois. F1 a si bien assimilé la leçon qu'elle a encore tendance à diviser le monde en gentils et en méchants, ce qui, passé 9 ans, peut paraître un peu infantile. Elle sent bien mon agacement lorsqu'elle me pose une question du genre : « George Bush, il est gentil? »
D'ailleurs, depuis un an, elle utilise ce mot avec plus de précautions. D'abord parce qu'on lui expliqué que finalement, quoiqu'on lui ait dit, elle doit finir par s'apercevoir qu'il y a d'autres enjeux, dans les affaires de ce monde, que la gentillesse des gens (untel flatte son toutou et joue avec ses enfants tout en exploitant économiquement son prochain ou en soutenant des guerres meurtrières), que la gentillesse était importante dans les relations interpersonnelles mais que les rapports entre les hommes prennent aussi d'autres formes qu'il faut considérer autrement et blablabla… Mais aussi, parce qu'elle commence à comprendre, l'expérience aidant, que sa mère a été bien naïve et que la gentillesse n'est pas toujours gage d'une vie heureuse.
Ma F1 est vraiment une belle fille. Aussi loin que je remonte dans le temps, elle a toujours eu des soupirants. Déjà, à la pré-maternelle, les petits garçons s'agglutinaient autour d'elle comme les mouches qui trouvent la fleur, la flattaient, lui réservaient une place à côté d'eux et lui auraient tous pris la main si elle en avait eu dix. Il y a un an et demi, cet intérêt des garçons s'est tout à coup incroyablement accru. Ils se sont mis à tous vouloir « sortir avec elle », être « son chum ».
Au début, ma F1 revenait de l'école les yeux pétillants. Elle m'attirait le soir dans un coin pour m'avouer à voix basse, rougissant avec un petit rire nerveux, qu'untel était devenu son chum. Deux jours plus tard, nouveau chum (ce qui nous a rassuré, l'Écrier et moi), quatre jours plus tard, encore un troisième chum, puis un quatrième,etc. On en était interloqués : ils aimaient tous les beaux yeux d'F1. Elle s'est mis à recevoir des billets doux (j'en ai ramassé plusieurs en faisant le ménage), des cadeaux (ce qui nous a fait un peu sourciller) : une bague (ça, on a trouvé mignon), un énorme toutou de 4 pieds de haut (le petit garçon a été son chum pendant une semaine), des cartes style pokemon et autres colifichets de circonstance. Puis il se sont battus pour elle, dans la cour d'école et deux d'entre eux ont été suspendus.
Si au début, ça avait été plutôt amusant, là ça a été le début des problèmes pour ma F1 qui vivait jusqu'alors une vie sans problèmes, fille belle, talentueuse, extravertie, une jolie petite Mlle joie de vivre mais qui, pour son plus grand malheur, était aussi une gentille fille, sans une once de méchanceté. Pensez, on ne pouvait même pas dire à la maison « untel est un peu gros » sans se faire reprendre par F1. Cette fille recevait à l'école des certificats pour sa gentillesse et son respect des autres. Elle était presque toujours élue présidente de classe, Dame de cœur à la St-Valentin, etc. Mais la gentillesse semble être devenu le talon d'Achille des enfants qui ne savent pas sortir les griffes pour se défende de temps en temps. L'enfant qui ne griffe pas en retour, celui qui est sensible et dont on voit qu'on peut le blesser, c'est celui là sur lequel il semble si bon de s'acharner.
La petite X, fille dominatrice et sournoise (le responsable du service de garde m'a dit qu'elles étaient légion) a soudainement décrété que de sortir avec les garçons, ce n'était « pas cool » et elle s'est arrangée pour que le vide se fasse autour de F1.
En l'espace d'un mois, ma fille est devenue « reject ».
La violence psychologique et le rejet sont omniprésents dans nos écoles. On en parle beaucoup, on fait beaucoup de prévention, mais très peu d'intervention. Il faut dire que les petites chipies savent s'y prendre pour que ce ne soit « jamais de leur faute » : à peu près tout se joue dans le non-dit, dans des regards intimidateurs, des intonations, des petites mesquineries imperceptibles qui leur permettront toujours de dire qu'elles n'ont « rien fait » (ce qu'elles peuvent d'ailleurs vous jurer en pleurant). De toute façon, la victime n'osera pas dénoncer, cela n'arrangera rien et on le lui fera payer au centuple. Cela ne changera rien car « les profs ne font jamais rien », ils demandent : « c'est vrai que tu as fait ca? » et se contentent d'un « non! » ou, au mieux, y vont d'un « tu ne recommenceras pas, hein? »
J'ai rencontré les professeurs, la direction. Il y a eu certaines interventions, mais tout compte fait, cela n'a pas changé grand-chose. Voyant ma fille si malheureuse, j'ai accepté de considérer ce à quoi je lui avais longtemps demandé de repenser « parce que ce n'est vraiment pas une solution : le changement d'école. Elle s'était fait dire, par une fille qu'elle venait de croiser dans le corridor «T'es teeeeellement laide que les miroirs doivent se briser en mille morceaux lorsque tu passes devant », et la copine de la fille avait spirituellement surenchéri : « T'es telleeeement laide qu'à ta place je me suiciderais ». Des filles de 9 ans.
Ma F1, fille extravertie et fonceuse, était devenue une fille timide et renfermée.
Il y a eu la nouvelle école, qu'elle a adorée au début. Les premiers temps, elle semblait flotter sur un nuage. Mis à part une chipie qui venait de son ancienne école et s'acharnait contre elle, les chosent allaient bien. Elle n'était plus une fille « populaire », mais elle l'avait accepté. Elle s'est fait quelques amies, quelques unes, puisqu'elle était devenue plutôt timide. Il y avait, dans cette école aussi, des enfants rejetés – une telle parce que grosse, l'autre parce qu'elle a un défaut d'élocution, etc. F1, qui a un côté Mère Thérèsa, a joué avec X qui était « reject » et seule dans la cour d'école. Par association, elle est redevenue « reject » illico. Et prise dans un dilemme : elle se sentait obligée de continuer à jouer avec X qui n'avait pas d'amies, alors que cesser de la fréquenter aurait amélioré sa propre condition. Elle ne se sentait pas d'affinités réelle avec cette petite fille qui à bien des égards n'était mêmes pas gentille. « C'est un peu de sa faute, maman, si X n' a pas d'amies, elle dit toujours des choses négatives et blessantes! « Y » aussi est grosse mais n'est pas comme ça et se fait des amies. » En plus, X était membre de l'église baptiste et était assez harcelante de ce côté-là.
En tout cas, en cours d'année, les choses se sont plus ou moins améliorées pour elle. Plus ou moins. Ce n'est pas comme avant, parce qu'il y a des moments où elle ne va pas voir certaines « amies » car leurs autres « amies » ne veulent pas d'elle. Elle n'a été invitée qu'une fois à une fête d'enfant (baromètre sûr ;) )
Aujourd'hui, elle est revenue de son camp plein-air en éclatant en sanglots sitôt installée dans l'auto. Elle a rêvé de ce camp depuis des mois. Elle adorait ça jusqu'à cet après-midi. Demain, ils doivent partir en camping, ce qui l'enthousiasmait au plus haut point. Mais c'était compter sans la Geneviève, celle qui veut tout diriger, ce qui veut que tous les amies soient à elle et pour elle, celle qui la regarde toujours de façon narquoise, celle qui essaie d'envoyer ma F1, qui ne se laisse heureusement pas faire, dire des vacheries à sa place une autre petite fille, la Geneviève qui menace habilement, c'est-a-dire sans que ça paraisse aux yeux des grands , qui essaie de susciter le rejet, cette Geneviève qu'F1 a tenté d'éviter en choisissant de coucher en camping dans « l'autre tente » (entendez : pas celle où ses amis et elles avaient prévus de dormir ensemble, l'autre) où elle s'est fait dire par la suite qu'il n'y avait plus de place pour elle, cette Geneviève-là s'est arrangée pour déclarer ensuite à haute voix que « plus personne ne voulait d'elle dans la tente n.1, qu'elle les avait laissé tomber et qu'il n'était pas question qu'elle couche avec elles. Non contente de son exploit, elle s'est ensuite acharnée en allant retrouver F1 assise, dans son coin, afin d'enfoncer le clou plus méchamment en lui disant de ne pas s'attendre à ce qu'elles changent d'idée, que personne ne voudrait plus jamais d'elle et qu'elle n'aurait plus d'amies.
Ma F1 est trop sensible, mais ce n'est pas une braillarde. Elle n'a jamais pleuré à l'école, comme d'autres le font (bien souvent, les chipies, celles qui manipulent), et n'a pas pleuré devant les autres, mais dès que nous avons été dans l'auto, elle a éclaté en sanglots.
Je n'ai eu que des bribes de l'histoire, à ce moment là. Je suis retournée, seule, voir le moniteur de ma fille, un jeune homme qui a paru étonné. Mai fille est gentille, elle avait beaucoup d'amies, ce devait être un sûrement un malentendu. Dans l'auto, au retour, j'ai eu plus de détails. F1 ne veut absolument plus aller à ce camp auquel elle a rêve durant près de 3 mois, et qui l'enthousiasmait hier encore. Un très gentil garçon (« pas comme les autres, il fait de la danse, les autres garçons se moquent de lui pour ça »), s'était attaché à elle et ça semblait réciproque.
M a fille est la plus belle du groupe et la Geneviève est une petite grosse. C'est terrible d'écrire ça, mais même ma F1 comprend bien que c'est une affaire de jalousie.
J'ai tenté de parler à quelqu'un au téléphone, en vain, je n'ai eu au bout du fil que le répondeur. Demain matin, je me rendrai, seule, au camp, avant le départ des enfants, expliquer posément pourquoi ma fille ne veut pas y aller. Non pas pour me plaindre des animateurs qui sont jeunes et qui doivent intervenir dans des histoires de violence réelles mais imperceptibles, mais pour demander qu'une intervention soit faite, et que les parents de l'enfant soient avertis.
Je sais que certains parents ne sont guère affectés par les comportements douteux de leur progéniture. Je me rappelle que lorsqu'F 1 avait 4 ans, nous étions sortis avec quelques familles d'amis et une petite fille s'étai amusée à lui faire mal en la pinçant vraiment très fortement devant tout le monde. Ma fille se sauvait en pleurant, en la suppliant d'arrêter, mais l'autre continuait, la rattrapait, la pinçait férocement. La petite était sadique et s'amusait très visiblement et ouvertement de faire souffrir ma fille, cela semblait l'exciter encore plus, il y avait un plaisir méchant qui s'allumait dans ses yeux. Nous avons attendu un moment que ses parents interviennent, mais ils n'ont jamais bronché ni même sourcillé. L'Encrier est alors intervenu en saisissant l'enfant par le bras et en lui disant d'arrêter. Il était rouge de colère. Les parents de l'enfant n'ont rien dit et je suis à peu près certaine que l'enfant n'a jamais reçu la moindre brimade par la suite. Mais d'autre s parents qui étaient là nous ont confié avoir été estomaqués par ces gens qui laissaient leur fille de 4 ans torturer (c'est le mot qu'ils ont employé) notre fille du même âge.
J'espère que les parents de la Geneviève ne seront pas aussi indifférents, qu'ils ne déclareront pas trop facilement que ce sont des dramatisations.
En attendant, ma F1, que nous avons depuis quelque temps encouragée à répliquer, à se défendre, qui commence à le faire mais pas toujours, me demande : « Maman, pourquoi est-ce que ça m'arrive toujours à moi? »
― Parce que tu es belle, ma beauté, et que tu ne réponds pas quand quelqu'un est ache avec toi.
― Ça me faisait tellement de peine!
― Justement, elles le voient; certaines aiment ça, ce genre de pouvoir qu'on peut avoir de faire souffrir quelqu'un. Il ne faut pas te laisser faire, tu dois répliquer.
― Souvent, je n'y arrive pas – je voudrais, mais ça ne sort pas.
Elle a peur. Je ne l'ai pas élevée à la dure.
Qui l'eu cru, c'est le monde à l'envers : moi, la mère, j'encourage mon enfant à répondre des choses vraiment moches, du genre : «T'es tellement conne », etc.
Et je le fais parce que j'ai vraiment l'impression qu'il n'y a personne, mais personne pour se porter à la défense de ces enfants, pour remettre à leur place ces petits bourreaux qu'on ménage pendant qu'ils tyrannisent les petites filles trop belles et trop douces.
Je lui ai dit un jour, à ma F1 : « tu sais, ces filles sournoises, elles peuvent, un temps, sembler populaires, mais elles vont tôt ou tard se retrouver seules.» F1 m'a regardé d'un œil ultra-sceptique et moi-même, j'en viens à me dire que je suis parfois qu'une telle naïveté. Finalement, Job avait peut-être raison : se peut-il que partout, ce soient les méchants qui prospèrent ?
16 commentaires:
Ca m'enrage de lire pareille affaire ! J'ai tellement été victime d'harcelement à l'école et ca fait pourtant de cela 30 ans ! Plus ca change pire c'est à ce que je vois ! Et qu'attendent les écoles pour mettre des "polices" dans leur cours ?
Allo Encre,
Ce genre d'histoire se répète partout et ce qui se passe à l'école se poursuit par la suite dans la société où cette fois, les "tyrans" n'ont plus seulement un pouvoir d'influence, mais très souvent un pouvoir économique sur leurs semblables, parce que ces gens qui aiment le pouvoir, convoitent et obtiennent des postes de dirigeants.
Ma plus vieille a, à quelques reprises, été ciblée par d'autres jeunes louves qui n'appréciaient pas son autonomie et son refus d'être manipulée de sorte qu'elles faisaient en sorte de l'exclure du groupe. Ce sont essentiellement des jeux de pouvoir et au fond, c'est peut-être bénéfique, même si c'est difficile, d'être confronté jeune à cette situation. Ça lui permettra de développer des outils dès maintenant, expérimenter et comprendre comment y faire face sans détruire ni se détruire.
Cricri, le plus incroyable, c'est que justement, la police vient faire des représentations dans les écoles, video à l'appui, sur ces problèmes! Mais on tient un double discours à l'école. On parle constamment de prévention, mais on n'intervient presque jamais devant le fait accompli.
Pierre, tu as raison. Je dois trouver d'autres stratégies. J'y ai bien pensé cette nuit. Il lui faut trouver un moyen de se défendre à sa mesure, et qui n'en fasse pas un loups parmi les loups. Si le problème persiste, j'irai consulter. Je ne sais pas qui aller voir pour ce genre de problèmes, il me faudra m'informer. Je vais voir aussi ce que je peux lire là-dessus.
Toute cette histoire me confirme dans mon idée que si on me force à prendre un temps plein en septembre, je dois le refuser (avec les conséquences que cela aura pour moi). Mes enfants ont besoin de moi en ce moment.
Et puis je suis aussi fière que ma fille n'aie pas cette attitude de laisser tomber des amies, comme plusieurs semblent le faire, pour plaire à des Miss Tyran. Ça, je l'ai constaté plusieurs fois. Elle a tenu bon, et tenu tête à d'autres amies qui l'ont délaissées parce qu,elle n'a pas cédé à "Yark, tu joues avec V? C'est une niaiseuse". Ces filles, avec lesquelles F1 avait pourtant beaucoup de plaisir, se sont fait répondre "bien dommage pour vous, mais V est ma meilleure amie". C'est arrivé plus d'une fois cette année, ce genre de chose.
Il y a des moments où je trouve ma F1 bien fragile, il y en a d'autres où je la trouve drôlement forte.
De tout temps ce genre de situations a existé, mais les jeunes deviennent de plus en plus féroces et les parents laissent faire. Les directeurs d'école ne veulent pas déplaire aux parents alors rien ne change tant qu'il n'arrive pas quelque chose de grave.
La peur s'installe partout, en effet.
Quelques exemples : cet hiver, classe de neige à Mont-Edelweis. Ma fille et ses amis se font agresser soudainement par un groupe d'ados du secondaire qui les roulent dans la neige, mordent l'une d'elles, leur volent leur luge et leur interdisent de glisser là. Elles vont se plaindre à un professeur qui se contente d'aller demander aux ados de laisser glisser les filles. Ils ne bronchent pas d'un poitl, le prof s'en va sans rien faire de plus. Elle n'a pas essayé de trouver les professeurs de ces enfants, ni de parler à un responsable du camp de ski. Rien. Les enfants n'en revenaient pas, mais sont en même temps habitués à ce que personne ne fasse rien.
Autre exemple, une petite fille violente (physiquement), pour ne pas dire complètement perturbée, dans la classe de ma fille, qui les attrape par le collet, exige de se faire donner des gadgets "sinon cela ira mal pour toi", va jusqu'à planter agressivement un compas à deux branches sur le pupitre de ma fille, juste à côté de la main de cette dernière, en la regardant droit dans les yeux et en lui disant que c'est ce qui lui arrivera "pour vrai" si elle ne faisait pas telle chose dont je ne me souviens plus pour elle. F1 est allée le dire à la maîtresse mais comme toujours, la fille s'en sort avec un simple "ne recommence pas". La prof de ma fille est pourtant une prof formidable pour laquelle j'ai le plus grand respect. J'ai su que les parents de la petite fille sont régulièrement convoqués à l'école, mais il s'en foutent complètement. La fille est au mieux suspendue un jour ou deux, et tout recommence.
Dans la cour d'école, les enfants n'ont pas le droit de monter sur la butte, pas le droit de grimper aux arbres, d'entrer dans les conteneurs à déchets, de sortir des aires clôturées, etc. mais tous les gars de 6ème le font et les profs n'interviennent jamais pas plus qu'ils n'interviennent lorsqu'un enfant dénonce une agression - un "c'est pas vrai" leur suffit pour clore l'affaire.
Plus de vélo à l'école, les gars de 6eme sont grimpé le premiers jours sur le vélo neuf pour mieux monter dans l'arbre.
Mais cette école est encore mieux que la précédente.
La peur est partout, je me souviens même de l'avoir vu dans les yeux d'une animatrice de jeux éducatifs lorsqu'à 4 ans, j'ai été confrontée pour la première fois à ce problème. Ma mère, une ancienne enseignante tout à fait posée, avait comme moi entendu une petite fille faire de la violence psychologique à F1 à quelques reprises et m'avait encouragée à aller parler à l'éducatrice. J'ai toute de suite senti la peur dans la voix chevrotante de celle-ci qui s'est mis à tenir des propos incohérents en parlant des parents de l'enfant qu'elle ne savait pas comment faire payer, "du monde pas de bon sens!", m'avouant qu'elle s'était aperçu du manège de la petite fille MAIS, etc. Assez clair qu'elle n'intervenait pas malgré ce qu'elle voyait parce qu'elle avait peur des parents. Elle aussi, c'était pourtant une éducatrice formidable.
Désolée de vous ennuyer avec ce long lamento : je me vide le coeur ;-)
Que de fôôôtes ;-)
À l'avant-dernier paragraphe, je voulais dire : quand F1 avait 4 ans.
Encre... Tu sais, apprendre à être gentil, à se soucier des autres est une chose...
Mais... Apprendre à se défendre, à ne pas se laisser intimider en est une autre...
Ma soeur se faisait harceler au coin de l'autobus par deux petites chipies justement... Mes parents ont tout essayé: École, parents... Finalement, c'est la réplique qui a marché..
Mon père suggérait le même scénario à une amie dont le fils vivait la même chose: Finalement, c'est la réplique qui a fait fuir les intimidateurs...
Donc, pour ma part... j'ai élevé mes enfants en leur montrant à être gentils, à ne tyranniser personne et à respecter les autres comme ils sont...
Ma fille à l'école côtoie une enfant trisomique et un petit garçon qui a de la difficulté à parler.. Elle déteste les histoires de filles, qui sont trop compliquées dit-elle...
Mon fils Alex a déjà défendu un petit garçon qui se faisait tyranniser.. Ses parents lui en étaient tellement reconnaissants.. tu peux pas savoir!
Des amis, faut pas en vouloir à tout prix... Faut se tasser des luttes de pouvoir et ne pas en créer... Et faut se défendre sans hésiter.. Malheureusement, il en va ainsi...
Ça nous prendrait un John Lennon, un Martin Luther King, un Gandhi... pour brasser un peu de paix dans le coeur des hommes...
Tu as raison, être gentille et être bonasse n'est pas la même chose. Ce que je voulais dire, c'est que c'est plus facile pour des enfants élevés à la dure, qui ont appris tôt à égratigner les autres, de se défendre. F1 reste toujours un peu décontenancée quand on l'agresse. Au début, elle avait vraiment peur de répliquer, parce que quoiqu'elle puisse répliquer, l,autre répliquait plus fort, et vraiment plus méchamment. Combat perdu d'avance. Nous l'encourageons à persévérer. Elle réplique de plus en plus. La maîtresse m'a dit avoir été rassurée de voir que cette petite nouvelle, toute timide - ça c'était nouveau pour nous comme perception de notre fille! - était capable de signifier clairement aux autres quand quelque chose ne faisait pas son affaire. Mais la maîtresse ne sait pas tout ce qui se passe, loin de là. Trop souvent, comme hier, F1 a peur de répliquer, ou ne le fait qu'une fois, découragée devant la férocité de contre-attaque.
Pour elle, de n'avoir que deux ou trois bonnes amies est source de souffrance, surtout si la moitié de ces camarades n'ont pas été forcément choisis en fonction d'intérêts partagés. Depuis toute petite, elle est toujours allée vers les autres et a toujours été entourée. Extravertie et fonceuse, mais avec un petit peu de dépendance affective aussi. Là elle devient inhibée, plus insécure, et c'est incroyable de voir comme cela s'est produit rapidement : de petite fille très entourée à petite fille délaissée, en l'espace d'un mois. Depuis, c'est comme si la malchance s'y mettait en plus : elle se fait deux fois des supers amies qui l'enthousiasment, mais qui doivent changer d'école au bout de 5 ou 6 semaines. Elle a toujours deux amies vraiment très proches, l'une à sa nouvelles école, l'autre à l'ancienne, elle s'est également fait, dernièrement, de nouvelles amies avec lesquelles elle s'est beaucoup amusée, mais lorsque ces prétendues amies rencontrent d'autres amies qui disent "pas f1", elle est délaissée, le ressent durement, et me dis en apprendre beaucoup alors sur ces gens qui vous laissent tomber dès que quelqu'un d'autre leur dit de le faire. Elle vit des désillusions difficilement.
Je suis heureuse de voir qu'elle en prend de la graine en tenant bon devant les pressions de celles qui voudraient l'inciter à laisser l'amie V ou l'amie C, jugées trop stupides aux yeux de ces grandes dames. Mais je suis en même temps inquiète de voir comme elle prend son trou à d'autres moments.
Merci de vos commentaires que j'apprécie énormément et pour de ce partage d'expériences qui m'aide dans ma réflexion. Je vous lis avec grand intérêt.
Je suis complètement renversée à la lecture de ces deux derniers billets. Ça me semble si jeune pour tant de méchanceté. Je me souviens que le secondaire pouvait être dur, mais le primaire... Ça ne doit pas être facile à vivre aussi en tant que parent, j'avoue qu'on doit se sentir impuissant par moment.
Je suis sûre que les bonnes bases que F1 a reçu contribueront tout de même à faire d'elle une fille exceptionnelle. Il faut malheureusement aussi apprendre à se protéger et c'est pas toujours évident, à la dure.
Ce qui m'encourage, c'est quand je vois des exemples de parents qui prennent vraiment leur rôle à coeur. Tes filles seront toujours privilégiées et elles apprendront à être à la fois forte, bonnes et épanouies, j'en suis convaincue.
V. xx
On fait tout pour ça!!! Merci pour les encouragements ;-)
Hello Encre;
Qui dit que l'enfance est un monde serein...
Ces rencontres dures parfois sont celles où les enfants ont a apprendre a gérer toutes les choses qu'ils retrouveront à l'âge adulte, l'envie, la rivalité la jalousie, l'impuissance... Heureusement il y a aussi l'amitié, la solidarité et l'amour qui font a terme un solide contrepoids...
Tu as cent fois raison. Me voilà calmée. Et rassurée. Le téléphone sonne plus pour elle que pour nous ces temps-ci.
je suis venue lire un peu plus..
en vraie sympathie.
le monde de l'enfance préfigure celui de l'adulte.
Peut-on espérer qu'il puisse s'y préparer un peu moins de violence..
A nous les enseignants d'essayer de nous y impliquer...
Il y a ce texte de La Bruyère:"Les enfants sont arrogants, dédaigneux, envieux, curieux, paresseux, égoïstes, volages, [2] timides, intempérants, menteurs; ils rient et pleurent facilement; ils ont des joies immo¬dérées et des afflictions amères sur de très petits sujets; ils ne veulent point [3] souffrir de mal, et aiment à en faire: ils sont déjà des hommes."
Mais j'ai aussi dans mon tiroir une lettre d'ancienne élève que par pudeur je n'ai jamais produite mais qui me sert parfois de consolation et d'espoir.
l'éducation par les parents? oui
mais aussi par les enseignants avertis et bien formés non seulement à distribuer du savoir mais de l'humanisme.
Effectivement! Une éducation trop libertaire ne rempli pas un devoir essentiel que nous avons envers les enfants : celui de les tirer de la sauvagerie et de le socialiser. Ce laisser faire n'a rien d'humaniste et vous avez cent fois raison de rappeler ces propos de la Bruyère. Merci pour ce beau commentaire! :)
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