mercredi 30 janvier 2008

Des nouvelles du front

Non, je ne suis pas morte, mais si jamais je vous laissais sans nouvelles plus de vingt jours, ce serait mauvais signe, vous pourrez alors avoir une petite pensée pour moi.

Je regrette déjà ma lâcheté. Pas quand je suis dans la salle de classe, mais dès que j'en sors et que je dois m'atteler aux corrections et à la préparation des cours. Ça ne dira peut-être pas grand chose à ceux qui n'enseignent pas au collégial, mais le lundi, je donne 7 heures de cours, que du contenu différent. Ça se termine par un bloc de trois heures de 3à 6, avec un cours que je n'ai jamais donné et des élèves considérablement plus faibles que ceux que j'ai l'habitude d'avoir (donc, autres stratégies). J'arrive chez moi crevée, je vourais dormir deux jours pour m'en remettre, mais il me faut préparer les trois heures de cours du lendemain (8 à 11h), encore du contenu différent, encore un cours que je n'ai jamais donné, encore un cours où certains sont faibles (pas mal de futur flics) et un élève qui me semble déficient. Le début de semaine me tue, mais il faut survivre pour la suite.

Ça ne fait qu'une semaine et demi que c'est commencé, et je rêve déjà de la fin de la session. Dire que j'aurais pu me la couler douce et agréable avec mon 50% de tâche en me contentant de mes cours au PSQ. Dire que j'aurais pu aller étudier les moeurs des singes bonobos en Afrique, grâce aux bons conseils de Ce bref Réveil! Je suis bien punie d'avoir cédé aux flatteries comme le corbeau de la fable. Mais on ne m'aura pas deux fois. J'ai averti tout le monde : si jamais je refais une telle bêtise, qu'on me passe la camisole de force et qu'on m'enferme.



Bon, assez chiâlé, passons à des nouvelles plus agréables à lire.


Avec un de mes groupes du PSQ, je dois faire une lecture critique de Malaise dans la civilisation et de l'Abrégé de psychanalyse. Il me faura aborder l'interprétation que Freud fait du complexe d'Oedipe chez la fille. En gros, elle est envieuse parce qu'elle n'a pas été dotée d'un pénis, en veut à sa mère, se détourne d'elle et reporte son amour vers son père - elle sortira de cette crise par le déni ("J'ai un pénis fictif, je suis lesbienne", lui fait dire Freud qui confond allègrement lesbianisme et transgenre ou alors "J'ai un pénis, celui de l'amant qui m'offre le sien") et en développant, réactivement et dans l'amertume, sa féminité ("Je ne peux avoir de pénis, mais ça ne me dérange pas, je n'en veux pas, na! lui fait dire Freud).

Bien sûr, il me faura faire voir que Freud érige ici quelques observations faites à l'emporte pièce et surtout librement réinterprétées dans une perspective toute phallocentrique en interprétation scientifique du développement psychique des femmes.


Mais j'ai comme un malaise depuis l'autre jour.

Il s'agit d'F2. Vous vous souvenez qu'elle prétendait avoir deux pénis?

L'autre jour :

F2 : Maintenant, je suis un garçon. Tu peux m'appeler François, mais plus Léonie, je ne suis plus une fille.

Moi : Ah? on joue?

F2: Non, c'est pas un jeu, c'est comme ça, maintenant.

Moi: Pourquoi?

F2 : Parce que tu te souviens, tout à l'heure, dans le livre de comptines?... Le petit garçon, il était vraiment trop beau! Je le trouve siiiii beau, siiiiii beau! Je veux être aussi beau que ça, moi. Les garçon, c'est plus beau, je veux être un garçon!

Moi, surprise mais à peine par tant de coquetterie : Mais si tu deviens un gaçon, tu ne pourras plus porter de chandails ROSES, des pyjamas ROSES, des pantalons ROSES, des...

F2 (qui pour une fois semble émerger de ses stéréotypes) : Tu sais, le rose, ce n'est pas seulement pour les filles! On peut en porter même si on est un garçon!!!

Moi : C'est bien vrai, ça!




Le lendemain.


F2 : Maman, montre-moi comment on dessine un bonhomme sourire!

Moi : Voilà!

F2 : À mon tour! J'en dessine un en jaune!

Moi : Bravo, il est magnifique!

F2 continue à dessiner, "orne" son bonhomme sourire de petit traits tout autour du cercle.

F2, fièrement : Regarde!

Moi : Quel beau soleil!

F2 (espiègle) : C'est pas un soleil, c'est un bonhomme sourire avec PLEIIIIIIIN de pénis!

Et la voilà qui se met à dessiner allègrement des traits partout sur la feuille.

F2 (lutine) : Il ya des pénis partout! C'est le pays des pénis! Dis maman, on peut y aller, au pays des pénis? On pourrait me trouver un pénis, et tu me le donnerais!




Freud Freud, Freud... J'ai comme un malaise...

Mais bon, heureusement que je suis encore capable de me souvenir que quelques observations à l'emporte pièce, ça ne suffit pas à valider la scientificité d'un énoncé ;)

11 commentaires:

Une femme libre a dit…

J'adore cette enfant et son imagination débordante! Elle ira loin.

S@hée a dit…

Pourquoi un malaise??

Il ne faut pas.

La dernière trouvaille des filles, ici, se promener nue avec un bas tenu sur le bas ventre, comme Petit Spirou.

Ma deuxième, obsédée par le fait que son papa est un homme et a un PÉNIS s'est déjà exclamée, devant invitée, peu avant que son père n'arrive, truffe au vent comme un chien de chasse (elle devait avoir deux ans): "je sens papa... je sens le pénis de papa".

La femme a bien failli s'évanouir.

Non, il ne faut pas avoir de malaise. Tu as mis au monde un petit garçon qui sera gai. Voilà tout.

Encre a dit…

Ça, femme libre, j'en suis convaincue! Elle me fait trop rire.

Sahée, c'est hilarant ton histoire !!! Mais ici, le malaise n'est pas par rapport à ce qui dit l'enfant, mais à parce que je me moque allégrement devant mes élèves de ce que dit Freud au sujet du désir de pénis chez les filles, alors que je vis ça chez moi.

Mais je ne vais pas pour autant cesser de dire que son interprétation du complexe d'Oedipe chez la fille, c'est du délire.

Tu me fais réaliser que mon texte n'est pas très clair.

Anonyme a dit…

Bonjour Encre,

Trop drôle! loll

Si tu envoies cette histoire à Selections du Reader's Digest, ça vaut $200. Je t'assure.

Solange a dit…

On ne s'ennuie pas chez-vous.C'est très drole.

S@hée a dit…

Bah je faisais un clin d'oeil, je sais bien qu'l n'y a pas vraiment de malaise :-D

Encre a dit…

Désolée, Sahée, je suis un peu fatiguée et pas très vive d'esprit en ce moment ;)

Solange, en effet, ça rigole ferme chez nous avec cette enfant là, tellement clown. Et tellement expressive, mais ça, je ne peux le rendre par écrit.

Pierre, le Reader's Digest aime bien les histoires de gentils héros au grand coeur, mais pas les gens pleins de perversions innomables... sauf bien sûr s'ils retombent dans le "droit chemin" et deviennent apôtres de l'ordre, du conformisme et de l'ennui. Toi, par exemple, tu n'aurais AUCUNE chance de te retrouver dans le Reader's Digest. F2 non plus ;)

Ce Bref Réveil a dit…

Et bien bon retour. Voici un billet triptyque (trois volets) pour nous régaler.

Freud moi je dis qu'il était pédé refoulé. Il est mort d'un cancer de la mâchoire à force de fellations sur son cigare. Le bougre sur son lit de mort s'est confessé de ne jamais avoir compris pourquoi il ne pouvait s'empêcher de se flanquer un objet oblong dans la bouche (son cigare). Pédé je vous dis.

(Et je ne m'excuse même pas auprès de ceux qui ne font pas la différence entre un pédé et un homosexuel.)

Anonyme a dit…

Quelle charmante enfant !
Qui ne manque pas d'imagination en plus :))
Je me suis demandée un instant ce que j'aurai répondu à ça, hi hi

Anonyme a dit…

Bonjour Encre,

Je pensais surtout à la remarque de ta fille au sujet des pénis. C'est pour ce genre d'anecdote que Sélections du R&D offre $200.

Voici le lien: http://www.selection.ca/laugh_submit.html

Encre a dit…

Cloudy, tu aurais probablement fait comme moi : tu aurais rigolé un bon coup avec cette petite sorcière ;)

Ce bref réveil, la psychanalyse sauvage vous va bien ;) J'ai presqu'envie de vous placer dans la bibliographie du plan de cours ;)

Pierre, je savais que tu parlais de F2. Je blagais en disant que ce n'est probablement pas le genre d'anecdote qui intéresserait le très-bien-pensant Reader's Digest... Décidément, ce temps-ci, je pige mal les blagues des autres et je parviens mal à en faire moi-même ;) Signe que j'ai besoin d'un peu de repos ;)